Depuis quelques semaines, plusieurs affaires secouent le rugby français autour de la prise en charge des victimes de commotions cérébrales. Une vingtaine de joueurs et joueuses ont même décidé de mener des actions judiciaires contre la Fédération française de rugby (FFR) et la Ligue nationale de rugby (LNR) dans le but d'alerter sur la prévention des commotions cérébrales dans ce sport.
Invité de l'émission Europe 1 Sport, le neurologue Jean-François Chermann a tout d'abord tenu à rappeler à quoi correspondait ces commotions : "Elles appartiennent au traumatisme crânien léger. C'est une altération des fonctions neurologiques à la suite d'un impact qui est transmis au cerveau", a défini celui qui a commencé à travailler sur le sujet en 2005.
"C'est dramatique"
Beaucoup de joueurs développent des formes de maladies dégénératives plusieurs années après leur retraite de rugbyman. Un véritable fléau pour eux qui veulent désormais faire valoir leur droit et dénoncer une mauvaise prise en charge et une mauvaise protection des joueurs durant leur carrière. Ces joueurs peuvent ainsi développer à tout moment des complications cérébrales irréversibles.
"Ce qui se passe chez ces joueurs c'est un syndrome dépressif, des maux de tête chroniques, une irritabilité, des problèmes de couple, des problèmes dans l'après sport, et donc c'est la gestion de la vie d'après rugby et c'est dramatique", a dressé le constat Jean-François Chermann.
Le plus difficile dans cette gestion d'après-carrière pour un joueur de rugby est l'incertitude. "On ne sait pas ce qui attend le joueur, à quel moment il va développer une pathologie dégénérative. Est-ce que c'est en fonction du nombre de commotions ou est-ce que c'est après avoir pris des milliers d'impacts à la tête ?", s'est interrogé le neurologue dans l'émission Europe 1 Sport.
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Des avancées tout de même notables
Mais il y a tout de même une prise de conscience depuis quelques années : "Il y a une évolution assez extraordinaire depuis 2005 en France. On a mis en place des protocoles depuis 2013 même s'ils ne sont probablement pas suffisants", a tenu à souligner l'ancien joueur de rugby Mathieu Blin dans Europe 1 Sport avant de poursuivre : "Il y a eu énormément de progrès comme la formation des staffs médicaux, la réalisation de tests initiaux à tous les joueurs pour que les neurologues puissent avoir une comparaison lorsqu'il y a une commotion cérébrale, la mise en place d'un maillage de neurologues…".
Les règles elles aussi ont évolué dans le bon sens avec notamment l'interdiction du plaquage à deux pour les catégories jeunes ou encore des sanctions beaucoup plus fortes ou beaucoup rapidement prises sur des plaquages hauts dès lors que le cou est touché. "Il y a eu énormément d'avancées mais il y a encore énormément de travail à faire", a fini par conclure Mathieu Blin dans Europe 1 Sport.