Covid : cinq questions en suspens après le cluster du XV de France

Le match contre l'Ecosse a du être reporté.
Le match contre l'Ecosse a du être reporté. © FRANCK FIFE / AFP
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Antoine Terrel avec Axel May et AFP
La polémique autour du cluster au sein de l'équipe de France de rugby ne faiblit pas. La ministre des Sports a demandé une enquête interne au patron de la FFR Bernard Laporte, qui doit être rendue mardi. Mais d'autre voix s'élèvent pour réclamer une enquête indépendante. 
DÉCRYPTAGE

Un report et des questions. Alors que l'équipe de France de rugby devait affronter l'Écosse, dimanche, dans le cadre du Tournoi des Six Nations, le match a dû être reporté après l'émergence d'un cluster de Covid-19 au sein des Bleus. Depuis, la ministre déléguée aux Sports Roxana Maracineanu a exhorté la Fédération française de rugby (FFR) à assumer ses responsabilités et faire la lumière sur d'éventuelles défaillances. Au centre des critiques, la FFR, elle, se divise.

Qui est le "patient zéro"? 

Seize cas positifs en un peu plus d'une semaine ont été recensés au sein des Bleus. Mais qui est le premier contaminé ? La FFR a peut-être trouvé le coupable idéal, et plaide la thèse de l'entrée du virus via un joueur de l'équipe de France à sept qui avait participé à des entraînements avec les "quinzistes" à Marcoussis, avant le duel en Irlande, le 14 février. 

Mais le vice-président de la FFR Serge Simon tenait un autre discours lundi dans un entretien à Midi Olympique. "Notre seule certitude est qu'aucun joueur du XV n'a été contaminé par un joueur de France 7, puisque les cas positifs de cette semaine sont des transmissions à l'intérieur du groupe XV de France." Et d'assurer: "Le patient zéro, on le connaît : c'est notre préparateur physique."

Si ce dernier était le premier cas de Covid-19 communiqué mardi 16 février, Fabien Galthié avait lui aussi été diagnotisqué positif le même jour. Bernard Laporte a confirmé dimanche sur France 3 que le sélectionneur des Bleus, soupçonné d'avoir enfreint le protocole sanitaire, avait quitté la bulle pour assister, masqué, à un match de son fils à Paris. "Je ne vois pas où il y aurait un problème là-dessus", a estimé Laporte en lui réaffirmant son soutien.

"On a envie de comprendre qui a fait rentrer ce virus et comment il s'est propagé aux autres", a insisté quant à elle Roxana Maracineanu dimanche sur Europe 1. Une enquête interne demandée par la ministre à Bernard Laporte doit être rendue publique mardi. 

Les Bleus ont-ils cassé la bulle sanitaire ? 

Sur la chaîne l'Équipe, la ministre a été claire. "Une bulle, il faut faire attention à ne pas en sortir. Dans le protocole qui nous a été présenté, il y a des conditions très strictes pour les sorties et les retours. Il faut être testé à son retour dans la bulle", a-t-elle rappelé. 

Bernard Laporte avait reconnu sur RMC Sport que lui-même et des joueurs "se sont promenés dans la rue" à Rome "avec des masques", avant le match face à l'Italie le 6 février (50-10). "Mais cela ne veut pas dire casser la bulle; ça!", a-t-il estimé. De son côté, le journal L'Équipe affirme avoir vu des joueurs manger des gaufres dans une rue de la capitale italienne. 

Pour l'ancien sélectionneur du XV de France, "c'est la notion de bulle qui n'est pas bien saisie". "Si on n'a pas le droit d'aller manger une gaufre ou de faire un footing...", a-t-il dit dimanche sur France 2, avant d'assurer que la notion de bulle, "ça n'est pas 'on est enfermé à Marcoussis'. Ce n'est pas ça, le protocole". Sauf que c'est en se basant sur ce protocole sanitaire que le gouvernement a autorisé les Français a disputer le Tournoi des Six Nations.

Des sanctions en cas de manquements?

Si le rapport interne venait à pointer des responsabilités claires, faut-il s'attendre à des sanctions ? "C'est la FFR qui a un pouvoir disciplinaire. J'attends d'elle qu'elle l'exerce", a fait savoir Roxana Maracineanu, tout en estimant qu'"il faut qu'on montre, quand cela se passe mal, que les gens assument, qu'ils expliquent en toute transparence pourquoi, qu'ils fassent leur mea culpa, et puis derrière qu'on reparte sur des bonnes bases". 

"J'attends le rapport pour savoir si des gens ont fauté", a de son côté déclaré Bernard Laporte, tout en assurant que si fautes il y avait, il y aurait des sanctions. 

L'enquête sera-t-elle suffisante ? 

Dans le monde du rugby français, tout le monde ne se montre pas convaincu par l'idée d'un rapport effectué par la FFR. Florian Grill, chef de file de l'opposition à la Fédération, demande ainsi une enquête indépendante. "L'enquête menée par la Fédération n'est pas suffisante", estime sur Europe 1 ce membre du comité directeur de la FFR.

Pour lui, une telle enquête serait "facile à faire". "Il y a une trentaine de caméras à Marcoussis, on peut facilement savoir ce qu'il s'est passé", poursuit-il. Une telle enquête devrait être menée, selon lui, par l'Inspection générale de l'éducation, du sport et de la recherche (anciennement Inspection générale de la jeunesse et des sports)

Quelle date pour France-Ecosse?

Pour le manager des Bleus Raphaël Ibanez, "fin mars, ce serait l'idéal", c'est-à-dire une semaine après la fin officielle du Tournoi, donc potentiellement le 26, 27 ou 28 mars. Problème: le Top 14 joue à ces dates. Ce qui induit de nouvelles négociations avec les clubs qui ne seraient pas enchantés par cette perspective. D'autres pistes sont en réflexion comme celle de jouer le mardi 9 mars. Il reviendra au comité des Six Nations de trancher.