Qui c'est les plus forts pour célébrer une défaite en finale de la Coupe d'Europe des clubs champions ? Assurément les Verts. Mais ce n'est évidemment pas une défaite que le club de Saint-Étienne et son équipementier ont fêté jeudi, mais une épopée, qui a marqué la France entière.
Et parmi les acteurs de cette épopée, l'un est devenu l'une des premières stars du football moderne : Dominique Rocheteau, qui fut surnommé "l'Ange vert". Aujourd'hui coordinateur sportif du club stéphanois, celui qui n'avait pu disputer que huit minutes de la finale de Glasgow face au Bayern Munich (0-1) était aux premières loges pour découvrir le nouveau maillot de l'ASSE pour la saison 2016-17, dévoilé en ce jour anniversaire.
Il s'agit de la deuxième livraison du Coq sportif, redevenu en 2015 l'équipementier du club, comme il le fut dans les années 1970.
Le maillot version 1976 :
Le maillot version 2016 :
Au cours de cette présentation, le président du comité de surveillance de l'ASSE, Bernard Caïazzo a rendu hommage à la génération 76. "Les Verts ont été les détonateurs de tout dans le football français", a-t-il estimé, alors que Christophe Galtier, l'entraîneur actuel, a joué sur la fibre sentimentale. "Il n'y a pas de Verts d'hier. Quand on est Vert, on l'est à vie". Les héros malheureux de Glasgow ont été conviés au stade Geoffroy-Guichard pour donner le coup d'envoi d'un remake de la finale de 1976, sans eux, mais avec des journalistes et quelques invités, comme l'ancien Vert Laurent Paganelli, devenu consultant sur Canal+, qui porte pour l'occasion les couleurs rouges du Bayern.
Dans les tribunes, les Verts de 1976 sont peut-être en ordre dispersé mais on sent poindre, malgré tout, de nombreuses complicités entre eux. Auteur de la frappe sur la barre transversale à Glasgow (le premier des deux "poteaux carrés"), Dominique Bathenay accepte de signer un ouvrage commémoratif mais s'agace que le club ne le lui ait pas envoyé. "Les anciens, eux, m'envoient leur livre", sourit jaune l'ancien Vert.
Un peu plus loin, Christian Sarramagna, l'homme qui, à Glasgow, avait trouvé la tête de Jacques Santini (pour le deuxième "poteau carré"), explique les ressorts positifs de cette équipe, où chacun avait sa place. En voyant une photo de lui à l'époque, il reconnaît : "Ah oui, j'ai bien changé".
Comme en 1976, le "Bayern" s'impose lors de ce remake amical. Et c'est Jean-Michel Larqué en personne, celui qui aurait pu (beaucoup diraient dû) soulever le trophée le 12 mai 1976, qui remet la coupe (aux grandes oreilles, bien sûr) aux vainqueurs.
Jean-Michel Larqué le 12 mai 1976, face au Munichois Franz Roth :
Jean-Michel Larqué le 12 mai 2016, face au public stéphanois, jeudi soir :
Malgré sa notoriété, l'ancien capitaine des Verts n'écrase pas ses anciens coéquipiers. Le groupe semble aussi homogène qu'à l'époque et soudé quand il s'agit de rejoindre la place Jean-Jaurès, où ils sont attendus pour saluer leurs supporters.
Curkovic, Farison, Bathenay, Larqué, Piazza, Santini, Repellini, Rocheteau, Schaer, Synaeghel, Sarramagna, les frères Revelli, Merchadier, Janvion, Lopez, Castaneda : tous les acteurs de cette mythique saison 1975-76 ont été appelés au micro par le journaliste de Canal+ Hervé Mathoux, présentateur de la soirée aux côtés de Michel Drucker et, plus étonnant, de Yannick Noah, qui partage avec les Verts le goût des grandes épopées sportives (et leur équipementier).
Les Verts sur la scène, jeudi soir :
Les mêmes, en rang, en 1976 :
Dans leurs mots, les mêmes sentiments : pas la tristesse, non, mais la joie d'avoir pu susciter un élan jamais démenti au fil des ans, et même des décennies. Ils étaient ainsi plusieurs milliers à venir saluer les anciens héros du "Chaudron", jeudi.
Bien évidemment, tout cela s'est terminé par un "Qui c'est les plus forts ?", interprété par Monty en personne, qui a reçu avec beaucoup d'émotion la médaille d'or de la ville. Dans le public, on a vu au moins une personne les larmes aux yeux. Quarante ans après, l'épopée des Verts continue d'émouvoir. Et peut-être plus que jamais.