Salim Ejnaini, cavalier non-voyant : "Il faut faire 'avec' la cécité, et non 'malgré'"
Alors qu'a débuté le salon du cheval et le Longines Masters à Bercy, dont Europe 1 est partenaire, Salim Ejnaini, présent lors de la compétition 2016, raconte sur Europe 1 comment il a pu devenir cavalier et y participer. Son parcours est effectivement atypique : il est non-voyant.
Le Salon du cheval se tient depuis le 5 décembre à Paris et dans ce cadre se déroule la 11ème édition du Longines Masters à Bercy jusqu'au 8 décembre, événement dont Europe 1 est partenaire. Quelque 50 000 spectateurs sont attendus et pour l'occasion, Salim Ejnaini, présent lors de la compétition 2016, a répondu aux questions de Matthieu Belliard. Sa particularité : il est cavalier non-voyant.
Se situer grâce au son
Enfant malvoyant, devenu aveugle à l'âge de seize ans, Salim Ejnaini commence par des initiations en centre de loisirs. "Quand on est mordu, qu'on se prend de passion pour le cheval, on est foutus, après on a envie d'en faire !", s'amuse-t-il. Un rêve loin d'être évident qu'il réalise en se situant sur la piste grâce au son. "Je suis en compétition face à des cavaliers qui ont leurs yeux, toutes leurs facultés. Donc j'ai des personnes qui me permettent d'adapter, en me donnant les indications dont j'ai besoin. Elles me servent de repères fixes sur la piste, à des endroits stratégiques du parcours, et me donnent des informations vocales", dévoile le cavalier, devenu auteur avec L'impossible est un bon début aux éditions Fayard.
Guillaume Canet, "une très belle rencontre humaine"
Salim Ejnaini s'est fait entre autres connaître aux Longines Masters de 2016, avec des épreuves en public. Pas simple quand on s'appuie sur le son. "Cela change énormément de choses, pas seulement pour le côté acoustique mais de savoir qu'on a tout ce monde autour... J'avais en guide des personnalités du monde du cheval, notamment Guillaume Canet". L'acteur, également cavalier, préface d'ailleurs son livre. "C'est une très belle rencontre humaine, un lien auquel je tiens énormément, tissé autour du sport, de notre passion pour l'équitation."
Quant à son "handicap", Salim Ejnaini ne le voit pas comme ça : "La cécité n'est pas quelque chose à dépasser, c'est un élément à prendre en compte. [...] On arrive à quelque chose quand on comprend comment on arrive à faire 'avec', et non à faire 'malgré'".
Il a d'ailleurs une autre passion, le pilotage d'avion. "Cela fait quelques mois que je n'ai pas volé, mais je le fais au sein d'une association, qui s'appelle les Mirauds volants à Toulouse. Elle permet aux personnes non-voyantes et malvoyantes d'approcher le milieu de l'aéronautique en étant élève-pilote. Les machines sont adaptées, un ordinateur donne des informations sonores dans le casque du pilote."