En France, Nelly Viennot est une pionnière. En 1996, elle a été la première femme à officier en tant qu'arbitre assistante lors d'un match de 1ère division, avant de connaître une longue carrière dans l'élite, ouvrant ainsi la voie à Stéphanie Frappart, sur le point de devenir la toute première femme au sifflet d'un match de Ligue 1, dimanche, à l'occasion de la rencontre opposant Amiens et Strasbourg.
"Je suis très, très heureuse que ça arrive", confie Nelly Viennot sur Europe 1, avant le coup d'envoi de cette rencontre historique. "C'était avec impatience que j'attendais ce moment et je suis très heureuse pour Stéphanie." Les deux femmes se connaissent bien. Car aujourd'hui, Nelly Viennot supervise les arbitres françaises. Elle a donc appelé Stéphanie Frappart en apprenant la nouvelle : "Je l'ai félicitée pour cette désignation. Je lui ai surtout dit de rester elle-même, de ne rien changer dans son arbitrage."
"Un vivier très faible" de femmes "pour arriver au plus haut niveau"
Il aura donc fallu attendre 2019 pour voir une femme devenir arbitre principale d'un match de football professionnel masculin en France. D'autres pays, comme l'Allemagne ou la Suisse par exemple, sont plus en avance sur ces questions. Nelly Viennot rappelle tout de même "qu'il y a moins de femmes arbitres au plus haut niveau". "On n’a que 1.000 arbitres féminines actuellement recensées en France", ce qui représente "un vivier très faible pour arriver au plus haut niveau".
Par ailleurs, "les tests physiques" représentent "une barrière pour les jeunes filles". Ces tests "sont rendus de plus en plus difficiles mais correspondent mieux aussi à ce que fait un arbitre sur le terrain". "La différence avec les hommes, c'est notre explosivité", note-t-elle.
Malgré ces obstacles, Stéphanie Frappart a réussi à s'ouvrir les portes du plus haut niveau. La trentenaire officie depuis 2014 en Ligue 2. Sa promotion entre dans le cadre de sa "préparation" pour la Coupe du monde féminine dans l'Hexagone qui débutera le 7 juin, où elle sera également au sifflet. Pour favoriser cette ascension, elle a bénéficié "des installations de Clairefontaine et d'un préparateur physique de la Fédération", à l'instar des "jeunes arbitres qui sont en Ligue 1 et Ligue 2 féminine".
"Je déplorais un petit peu d'être plus respectée que le hommes"
Et si les choses se déroulent de la même façon pour elle que cela avait été le cas pour Nelly Viennot, Stéphanie Frappart n'a pas à craindre de possibles comportements sexistes de la part des joueurs sur le terrain : "Il y a eu beaucoup, beaucoup de respect. Je déplorais un petit peu d'être plus respectée que les hommes. Il y avait beaucoup de respect de la part des joueurs et même des dirigeants vis-à-vis de la femme." Avant cette rencontre particulière pour Stéphanie Frappart, Nelly Viennot tient donc à "lui souhaiter plein de bonheur, qu’elle prenne énormément de plaisir et qu’elle soit vraiment elle-même".