Si la logique n'est pas toujours respectée en tennis, difficile d'imaginer le tournoi de Wimbledon échapper cette année à l'une des trois premières joueuses mondiales et la tenante, Elena Rybakina aura fort à faire pour repousser les assauts d'Iga Swiatek et Aryna Sabalenka. Le trio de tête du classement féminin a raflé les cinq derniers tournois du Grand Chelem, dont trois pour la Polonaise Iga Swiatek (numéro 1 mondiale).
L'an dernier, l'inattendue Kazakhe Rybakina avait dominé la Tunisienne Ons Jabeur 3-6, 6-2, 6-2 pour s'offrir son premier tournoi du Grand Chelem. Lors du tirage au sort, vendredi, ses deux rivales croisaient les doigts pour ne pas l'avoir dans leur moitié de tableau, et c'est finalement du côté de Sabalenka (numéro 2) la Bélarusse que le sort l'a envoyée. Si son service est bien réglé, avec la qualité de son jeu au filet et de ses amorties, ainsi que son revers à deux mains dévastateur, Rybakina (numéro 3) a les armes pour mettre fin à cinq années où le trophée a changé de mains, depuis le déclin des soeurs Williams.
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Quelle condition physique pour Rybakina ?
Mais sa venue sera accompagnée d'un gros point d'interrogation sur sa condition physique, elle qui a abandonné à Roland-Garros juste avant le troisième tour et ne s'est finalement même pas alignée à Eastbourne, cette semaine, les deux fois en raison d'une "infection virale". Sa préparation sur gazon se limite donc à une élimination au deuxième tour à Berlin contre la future finaliste croate Donna Vekic, en trois manches.
Son chemin jusqu'à une éventuelle demie contre Sabalenka sera tout sauf simple avec un huitième de finale théorique contre la Lettone Jelena Ostapenko, récemment titrée à Birmingham, et un quart où elle pourrait retrouver Jabeur ou Petra Kvitova, deux fois titrée à Wimbledon et lauréate à Berlin. De son côté, Sabalenka ne présente guère plus de références sur gazon que Rybakina cette année, ayant elle aussi été stoppée au deuxième tour à Berlin, mais par la 10e joueuse mondiale, Veronika Kudermetova.
Son jeu agressif, qui lui a permis d'atteindre le dernier carré dans tous les tournois du Grand Chelem, et même de remporter l'Open d'Australie en janvier, lui donne peut-être un très léger ascendant sur ses rivales. Privée de Wimbledon la saison dernière, après l'exclusion des joueurs russes et bélarusses en raison de l'invasion de l'Ukraine par la Russie, sa priorité sera de se concentrer sur son jeu. "Je ne parlerai pas de politique. Je suis là pour parler uniquement de tennis, a annoncé d'emblée la joueuse de 25 ans, samedi, lors de la conférence de presse d'avant-tournoi, elle qui avait refusé par deux fois de se présenter face aux journalistes après des matches à Roland-Garros.
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Swiatek a tout à prouver sur gazon
Il lui faudra aussi oublier son effondrement en demi-finales du Grand Chelem parisien contre Karolina Muchova. La Tchèque, qui pourrait se trouver sur sa route en huitièmes, l'avait emporté 7-5 au troisième set après avoir sauvé une balle de match à 2-5. "J'étais vraiment déçue par cette défaite. Mais, après, on en a parlé avec mon équipe et c'est une bonne leçon pour moi", a-t-elle assuré. En comparaison, la moitié de tableau d'Iga Swiatek pourrait paraître moins relevée.
Les principales têtes de série qui y figurent, que ce soit la Française Caroline Garcia (numéro 5) ou les Américaines Coco Gauff (numéro 7) et Jessica Pegula (numéro 4), n'ont jamais franchi les huitièmes à Wimbledon. Mais la Polonaise non plus. La Bélarusse Victoria Azarenka, 19e mondiale, pourrait être un premier obstacle significatif en huitièmes de finale, même si les demi-finales de la 19e joueuses WTA, âgée de 33 ans, remontent à 2011 en 2012.
La triple vainqueur de Roland-Garros a encore tout à prouver sur cette surface mais elle s'est sentie en progrès à Bad Homburg (Allemagne) cette semaine, malgré son forfait pour la demi-finale en raison de troubles gastriques. "J'ai l'impression que c'est la première année que je peux vraiment me concentrer sur l'entraînement (spécifique sur gazon) et vraiment progresser", a-t-elle confié samedi, assurant vouloir devenir, elle aussi, une joueuse capable de gagner sur toutes les surfaces.