Les US Open se succèdent et ne se ressemblent pas pour le tennis masculin français. Après une année 2016 historique, où trois joueurs tricolores avaient atteint les quarts de finale (Pouille, Monfils, Tsonga), une première dans l’ère Open, la cuvée 2017 a offert un tout autre millésime, nettement plus bouchonné. Avec l’élimination de Lucas Pouille en 8e de finale, il n’y a déjà plus le moindre représentant français à Flushing Meadows. Cet US Open raté n’a pourtant rien d’une surprise : avec seulement un quart de finale pour le tennis masculin, l’année 2017 en Grand Chelem a en effet été un enchaînement de déceptions.
Le pire bilan depuis 12 ans. Pas la peine de tourner autour du pot : 2017 est un échec sur presque toute la ligne pour le tennis masculin français. Avec un seul quart de finale (Jo-Wilfried Tsonga à l’Open d’Australie, en janvier), il s’agit même du pire bilan en Grand Chelem depuis 2005 (quart de finale de Sébastien Grosjean à Wimbledon). "Le bilan n’est pas bon. Ce n’est pas la peine d’essayer de trouver une raison de se satisfaire, il n’y en a pas," analyse sans détours Éric Winogradsky, ancien entraîneur de Tsonga, responsable du haut niveau masculin à la FFT (Fédération française de tennis). Conséquence directe de ces contre-performances : il n’y aura plus un seul joueur Français dans le top 15 au classement ATP pour la première fois depuis 2007...
Tsonga, le jour puis la nuit. Ce bilan chiffré, proche de la catastrophe, n’est au final pas une surprise. "Cela dure depuis le début de l’année, à de rares exceptions près, surtout sur le premier trimestre", poursuit Winogradsky. Une référence claire à Tsonga, excellent en début d’année, avec donc un quart de finale en Australie (battu par Wawrinka) mais aussi deux titres en février (Rotterdam et Marseille). Le numéro 1 français a en effet clairement baissé de pied après la naissance de son fils, en avril. Tsonga a ainsi été éliminé au premier tour à Roland-Garros, au troisième tour à Wimbledon et au deuxième tour à l’US Open, sa pire année en Grand Chelem depuis son émergence au plus haut niveau, en 2007.
Pouille n’a pas confirmé. Le leader du tennis français n’est cependant pas un cas isolé. Lucas Pouille a connu une saison paradoxale : il a remporté deux titres (Stuttgart, Budapest), atteint le dernier carré au Masters 1000 de Monte Carlo, mais il a surtout déçu en Grand Chelem. Après deux quarts de finale en 2016 (Wimbledon et US Open), l’espoir de 23 ans n’a pas fait mieux qu’un huitième de finale à l’US Open.
Monfils, on ne comprend toujours pas. Enfin, Gaël Monfils reste, comme d’habitude, une énigme. Très bon en 2016 (demi à l’US Open, quarts en Australie), la "Monf’" n’a cette fois pas dépassé les huitièmes (en Australie, battu par Nadal). Le Parisien a beau avancé ses problèmes de blessures pour expliquer sa méforme, on ne peut s’empêcher d’être une nouvelle fois frustré par ce joueur si talentueux mais si inconstant. Un constat partagé pour Richard Gasquet, qui n’a pas fait mieux qu’un troisième tour cette année (en Australie et à Roland-Garros)…
La Coupe Davis pour sauver la génération "Mousquetaires". Du talent, la fameuse génération "Mousquetaires" (Tsonga, Monfils, Gasquet, Simon) n’en manque pas. Mais les quatre trentenaires donnent clairement l’impression de régresser. Ils ont paradoxalement la possibilité de remporter enfin un grand titre, eux qui n’ont jamais remporté le moindre Grand Chelem. En effet, l’équipe de France de Coupe Davis défie en demi-finales une Serbie privée de ses trois meilleurs joueurs, dont Novak Djokovic (du 15 au 17 septembre). Sauf catastrophe, les Bleus devraient affronter en finale la Belgique ou l’Australie pour tenter d’apporter un dixième Saladier d’Argent à la France, seize ans après le dernier. La place de cette génération dans l’histoire du tennis français se jouera, sans doute, dans les prochains mois.
Chez les filles, il y a du mieux. Si les Français ont déçu, les Françaises ont apporté un peu de rayon de soleil. "Heureusement que les joueuses étaient là, surtout à Roland-Garros", approuve Éric Winogradsky. Caroline Garcia a ainsi joué son premier quart de finale en Grand Chelem à Paris, alors que "Kiki" Mladenovic a elle atteint ce stade pour la deuxième fois de sa carrière (US Open 2015 et Roland 2017). Sauf que depuis ce bon Roland-Garros, les deux meilleures joueuses françaises ont du mal. Quand ça ne veut pas…