Presque trois ans jour pour jour après son dernier match en compétition sur cette surface, Roger Federer va faire faire son retour sur terre battue, mardi soir, lors deuxième tour du Masters 1000 de Madrid. "Je suis content de ma décision, je l'ai prise autour du mois de décembre, quand j'ai commencé à sentir que j'avais vraiment envie de rejouer sur terre battue", a confié le Suisse, 37 ans, en conférence de presse, dimanche. "Depuis, au cours de la préparation, je n'ai pas pensé que, peut-être, je n'aurais pas dû. Je suis heureux d'être là, heureux de jouer sur cette surface." Mardi soir, vers 20 heures, Federer retrouvera un autre revenant, Richard Gasquet, vainqueur lundi de l'Espagnol Alejandro Davidovich Fokina et qui n'était plus apparu en compétition depuis octobre après avoir été opéré d'une hernie inguinale en janvier.
Federer, n°3 mondial depuis lundi (derrière Novak Djokovic et Rafael Nadal), n'a plus foulé la terre battue en compétition depuis le 12 mai 2016, où, à Rome, il avait été battu en deux sets par l'Autrichien Dominic Thiem. Et il ne l'a retrouvée à l'entraînement que récemment. "Je n'ai pas joué un seul point sur terre battue l'année dernière. L'année précédente, j'ai joué deux jours dessus. Et, en 2016, j'ai joué Monaco et Rome mais je ne me sentais pas très bien. C'est tellement peu que je ne sais vraiment pas à quoi m'attendre", sourit la légende suisse. En 2016, après son élimination à Rome, il avait déclaré forfait pour Roland-Garros en raison de douleurs au dos. En 2017 puis en 2018, il avait délibérement fait l'impasse sur la saison sur terre battue pour se consacrer à Wimbledon. Avec succès en 2017 (victoire sur le gazon anglais), moins en 2018 (élimination en quarts de finale).
Pas une tournée d'adieu
Cette année, et un peu contre toute attente, Federer a donc décidé de rejouer sur terre battue, avec Madrid comme seul tournoi de préparation avant Roland-Garros, qui débutera le 26 mai prochain. "Je suis dans une phase où je pense que je dois me faire plaisir. Et j'ai décidé de ne pas faire de 'méga break' encore une fois, je n'ai pas la sensation que c'était vraiment nécessaire", a-t-il précisé.
Et ne voyez pas dans cette décision la volonté d'effectuer une tournée d'adieu sur la terre de ses précédents exploits, lui qui a remporté le tournoi Madrid à trois reprises, en 2006, 2009 et 2012, et Roland-Garros il y a tout juste dix ans, en 2009.
"Ça ne veut pas dire que c'est ma dernière saison sur terre battue ou que je devais y jouer une dernière fois avant d'arrêter ma carrière", avait-il insisté après l'obtention de son 100ème titre en simple, à Dubaï, en mars dernier. "Ce n'est pas comme ça que j'ai réfléchi. (…) La décision est purement basée sur le fait que j'avais envie de rejouer sur terre battue. Je sens mon corps suffisamment fort de nouveau pour encaisser les changements de surface."
Un mois de préparation en Suisse
Ce retour sur terre n'est pas une tournée d'adieu, donc. Et ce n'est pas non plus une tournée d'exhibition. Un champion de la trempe de Federer - 20 titres en Grand Chelem au palmarès, un record - a évidemment préparé la chose avec le plus grand soin, et ce dès sa décision prise au mois de décembre. Et après sa fructueuse tournée américaine du printemps (finale à Indian Wells, victoire à Miami), Federer a repris son travail spécifique sur la surface, chez lui, en Suisse, avec, de l'aveu de son préparateur physique Pierre Paganini, un réel "enthousiasme". "Ça prend un peu de temps de se réhabituer à construire les points un petit peu plus, parce qu'il y a plus de jeu de fond de court, qu'on peut jouer avec plus d'angles, varier les hauteurs", a convenu Federer. "De ce point de vue-là, c'était intéressant. Mais pas si difficile, honnêtement."
Et pas si étonnant non plus. Ses multiples succès sur gazon (avec huit triomphes à Wimbledon notamment) et sur dur ont eu tendance à le faire oublier, mais Federer a remporté six Masters 1000 sur terre battue et atteint la finale de Roland-Garros à cinq reprises, pour un succès, en 2009. "Roger est un des meilleurs joueurs de l'histoire sur cette surface", estime même Dominic Thiem, n°5 mondial et finaliste sortant Porte d'Auteuil. "La seule chose qui l'a stoppé tellement de fois, c'est Rafa (Nadal). Probablement que si Rafa n'avait pas été là, il aurait gagné cinq ou six fois Roland-Garros." Nadal l'a en effet battu quatre fois en finale et une fois en demies sur l'ocre parisien. Le Majorquin est lui aussi présent à Madrid. Tête de série n°2, il a été placé dans la partie de tableau opposé à celle de Federer. Cette semaine, les deux joueurs ne pourront donc pas se retrouver avant la finale. Comme au bon vieux temps…