C’est un classique du rugby français, mais une finale inédite. Clermont et Toulon se disputent dimanche le Bouclier de Brennus, lors de leur première rencontre en finale du Top 14. Clermont, auteur d’une saison convaincante, va pouvoir miser sur sa jeunesse pour faire oublier son image d’éternel perdant en finale. Toulon, en pleine renaissance (six victoires consécutives après un début de saison chaotique) mise au contraire sur l’expérience de ses "grognards" pour remporter son cinquième titre de champion de France. A quelques heures de la rencontre, quelle équipe aborde la finale en favori ? Europe 1 vous résume les forces et les faiblesses des deux prétendants.
Au niveau de la confiance : les deux équipes ex-aequo
Si l’on prend l’ensemble de la saison, les Auvergnats font clairement figure de favoris. Clermont a terminé deuxième de la saison régulière, Toulon quatrième. Le RCT s'était par ailleurs incliné en quart de finale de la Coupe d'Europe le 2 avril dernier (29-9), lors de la dernière confrontation entre les deux équipes. Clermont a, certes, été battu en finale de la Coupe d'Europe face aux Saracens (17-28). Mais les Auvergnats se sont rattrapés avec brio face au Racing 92, en demi-finale du Top 14 (37-31). "On bosse, on travaille, on reste assez tranquilles, assez détendus pour ne pas se mettre de pression", commente, sobrement, le jeune centre de Clermont Damian Penaud, interrogé par l’AFP.
Seulement voilà : Clermont, les finales, ça ne lui réussit pas. Tout au long de son histoire, le club a connu trois échecs en autant de finales de Coupe d'Europe, ce qu’aucune autre formation n’avait fait. En championnat, même chose : avec 11 défaites pour un seul triomphe, en 2010, le club auvergnat est le spécialiste des défaites au sommet.
Toulon, pour sa part, semble être en pleine renaissance depuis l’arrivée de l’Anglais Richard Cockerill comme manager il y a deux mois. Le RCT vient de signer une série de six victoires en six matches, dont une, la dernière, en demie finale du Top 14 face à La Rochelle, pourtant favorite pour le titre final (18-15). "L'état d'esprit de l'équipe est énorme", avait lancé, admiratif, Richard Cockerill après la rencontre. "Certains moments de la saison ont été difficiles, mais on s'est accroché. Et tous les joueurs se sont remis en question après la claque reçue en quarts de finale de Coupe d'Europe (9-29 contre Clermont le 2 avril). Puis on a pris confiance", analyse le talonneur toulonnais Guihem Guirado, dans un entretien à l’AFP.
La jeunesse pour Clermont, l’expérience pour Toulon
Pour enrayer sa malédiction des finales, Clermont a trouvé une parade : mettre en avant les jeunes joueurs qui n'ont pas vécu ces traumatismes. Damian Penaud, Arthur Iturria, Judicaël Cancoriet, Alivereti Raka : âgés de 20 à 23 ans, ces quatre joyaux Clermontois seront des atouts majeurs face à Toulon. "C'est sûr, on en a perdu moins que les autres", a avoué Iturria en conférence de presse, avec décontraction. "On a pris assez de recul pour jouer avec l'esprit libéré. Nous, on ne les a pas vécues (les défaites) donc on n'y pense pas", ajoute-t-il.
Et pour aider les anciens, le club a fait appel depuis 2014 à Denis Troch, ancien entraîneur de football devenu préparateur mental. "Ils ont créé des anticorps pour que le jour où il y a quelque chose de puissant qui arrive, ils puissent agir et/ou réagir", estimait Troch début mai dans un entretien à l'AFP, insistant sur la nécessité de "remplir tous les jours la boîte de confiance par des éléments positifs".
Toulon, à l’inverse, va miser sur son expérience des grands rendez-vous. Les vieux généraux du RCT Matt Giteau, Drew Mitchell ou Juanne Smith veulent partir couverts de gloire avec un nouveau titre de champion de France. Des "mecs qui ont joué des centaines de finales, des Coupes du monde et tout ça... Ça joue en notre faveur", commente le pilier varois Florian Fresia.
"Toulon, depuis trois-quatre ans, c'est toujours pareil. Ils sont toujours en phase finale, ils y arrivent toujours, c'est des champions. Ils sont toujours là au bon moment. Il y a eu beaucoup de mouvements dans leur équipe, beaucoup d'entraîneurs qui se sont fait limoger (deux, Diego Dominguez et Mike Ford, NDLR), mais ils sont toujours là. Il va falloir faire attention parce que c'est le moment où ils sont le plus dangereux", reconnaît d’ailleurs le clermontois Damian Penaud.
Reste un dernier élément, qui pourrait finalement jouer en faveur des Clermontois : lorsqu’on joue avec de vieux soldats, il faut soigner la "récup". "Après avoir joué à une semaine d'intervalle des matches assez copieux au niveau de l'engagement et des contacts, le corps a besoin de récupérer", met en garde le toulonnais Guihem Guirado. On verra dimanche soir si le temps de récupération aura été suffisant.