Depuis les derniers tests d'automne, le XV de France de Guy Novès est régulier : il perd de peu contre les gros (Australie, Nouvelle-Zélande, Angleterre) et gagne contre les plus petits (Tonga, Écosse). Samedi, lors de la 3ème journée du Tournoi des six nations, à l'Aviva Stadium de Dublin, le voilà confronté à un défi : gagner (enfin) un match contre une équipe classée devant lui au classement IRB, l'Irlande, actuellement 4ème alors que la France est 7ème, juste devant l'Écosse.
Le sélectionneur des Bleus, Guy Novès, qui a procédé à trois changements pour ce match, espère que le laborieux succès décroché contre l'Écosse (22-16), il y a deux semaines, a eu un effet sur ses joueurs : "Je ne sais pas si les joueurs joueront libérés, mais j'espère qu'ils joueront avec leurs qualités, qu'ils les exploiteront au mieux."
" Au niveau international, il faut gagner "
Ce déplacement en Irlande est d'une importance capitale pour les Bleus, qui devront ensuite aller en Italie et recevoir Galles, deux matches a priori largement à leur portée. "En cas de victoire, la France basculerait sur un Tournoi presque réussi déjà", insiste notre consultant, Éric Blanc. "Ça donnerait du moral et des vitamines à cette jeune équipe de France qui a besoin de s'incrire à travers des victoires. Ce n'est pas le cas aujourd'hui. Alors, dans le jeu, tout le monde dit qu'on est dix fois meilleurs et c'est vrai. On rivalise avec l'hémisphère sud mais aussi avec l'Angleterre qu'on annonce comme le futur champion du monde en 2019. On n'est plus ridicule, on ne se fait plus scalper, mais ça ne suffit pas, au niveau international, il faut gagner."
"Toujours décisif". Le discours est identique dans l'encadrement et chez les joueurs du XV de France. "Le troisième match du Tournoi est toujours décisif. Si, malheureusement, on le perd, on va basculer dans une dynamique où on aura constamment la pression. On sera moins libre d'exprimer notre rugby et pas à l'abri de petites erreurs", a admis le pilier gauche des Bleus, Eddy Ben Arous. "Nous imposer à Dublin serait forcément un match référence. On saurait de quoi est capable cette équipe." Pour autant, l'emporter à Dublin ne sera pas chose facile. La météo, qu'on annonce exécrable, devrait aider les locaux et leur maître à jouer au pied, l'ouvreur Jonathan Sexton, de retour après avoir manqué les deux premières rencontres de son équipe.
"Ce sera un match sûrement très compliqué parce que l'Irlande, ce ne sont pas des écolos peace and love, c'est une équipe hyper-agressive, avec une troisième ligne très puissante et très forte en mêlée fermée", rappelle Éric Blanc. "Ils ont battu les Blacks en novembre dernier à Chicago (40-27). Ils nous avaient aussi nettement battus en phase de poules lors de la dernière Coupe du monde (24-9). C'est une équipe qui rêvait de gagner le tournoi mais qui a chuté d'entrée en Écosse après une première mi-temps affreuse (27-22). C'est donc un match charnière pour nous, mais pour eux aussi." L'Irlande sait en effet qu'elle a encore une chance de remporter le trophée, avec ce dernier match à domicile face à l'actuel leader du classement, l'Angleterre, le 18 mars prochain.
"On ne passera pas à côté". La priorité des Bleus n'est pas tant de rester en course pour la victoire dans le Tournoi - "Je n'y crois pas car avec les bonus, les Anglais sont loin devant (8 points contre 5 aux Bleus)", insiste Éric Blanc - que de réaliser ce fameux "match référence" qu'appelle de ses vœux Ben Arous. Il faut donc bien sûr un succès au bout, qui passera sans doute par un jeu bien plus abouti que celui proposé contre l'Écosse. "On aimerait, compte tenu de notre performance contre l'Écosse, qu'au-delà du résultat, les joueurs soient meilleurs dans la précision, la concentration, et pas inhibés par la pression", a insisté Guy Novès. "On n'a pas le droit de passer à côté et on ne passera pas à côté." Ce serait bien, car sous son mandat, les Bleus n'ont battu qu'à une seule reprise une équipe du Top 5 en six rencontres : l'Irlande, le 13 février 2015, au Stade de France. Ils l'avaient emporté d'un point (10-9).