L'entrée dans le Tournoi des VI Nations a été amère pour le XV de France avec une cruelle défaite face à l'Irlande (13-15). Un échec d'entrée qui a pu fragiliser la confiance déjà bien entamée d'une équipe en crise depuis plusieurs mois. Mais la France a su démontrer face aux XV de Trèfle qu'elle disposait de joueurs capables d'en découdre, au point de faire douter Jonathan Sexton et ses coéquipiers. Dimanche, pour son second match du Tournoi, en Ecosse, les hommes de Jacques Brunel ont les armes pour l'emporter, s'ils arrivent à exploiter leur potentiel. Mais attention, le XV du Chardon, humilié par le Pays de Galles samedi dernier (34-7), aura soif de revanche et aura l'avantage de jouer devant son public.
Le mental avant tout. Après une année 2017 déprimante -3 victoires, 7 défaites, un nul-, le XV de France abordait l'édition 2018 du Tournoi dans le brouillard. La victoire de l'Irlande grâce à un drop assassin de Sexton à la 83ème minute, alors que la France menait après un essai éclair de Teddy Thomas, aurait pu un peu plus enfoncer les Bleus dans le doute. Ce serait sans compter le volontarisme de Brunel et de ses hommes. Si le nul obtenu face au Japon en novembre dernier avait imposé au XV de France un spleen profond, cette défaite d'entrée dans le Tournoi ne semble pas avoir entamé la détermination des joueurs.
A leur tête, le capitaine Guilhem Guirado, tout en félicitant les Irlandais, retenait du match "l'état d'esprit" car le groupe "a été valeureux". Et le pilier Rabah Slimani de se projeter déjà dans l'après : "il faut relever la tête, ce n'est pas fini, c'était le premier match et il en reste encore quatre". "On va devoir repartir et se battre pour aller chercher cette victoire tant attendue", a appelé de son côté Jacques Brunel, qui a imposé à son XV un management positif entre plaisir et travail participatif. Et le sélectionneur de souligner le "caractère" de ses hommes. Une détermination aux antipodes des tournées de juin et d'automne où parfois les Bleus semblaient perdus et désabusés sur le terrain.
Les bons enseignements du match contre l'Irlande. Si sur le papier, ils ont bien perdu leur premier match, les Français n'ont pas à rougir de la copie rendue. Face à l'Irlande, ils ont ainsi défendu de manière exemplaire. "Les Irlandais ont été contenus, sans être en mesure de marquer un essai, pas une seule fois. L'équipe a été généreuse, brillante et tenace", s'est ainsi félicité le sélectionneur, nommé en décembre dernier.
Un chiffre résume à lui seul la hargne des Bleus : 238 plaquages (94% de réussite) dont 31 réalisés par le capitaine courage Guirado, deuxième meilleur score de l'histoire du Tournoi. Certes, cette statistique est aussi le reflet d'une possession de balle essentiellement verte, mais il démontre aussi que si, face à l'Ecosse dimanche, les Français peinent de nouveau à garder le ballon, ils sauront au moins sortir les barbelés. Une défense qui devra cependant être particulièrement attentive face à des Écossais qui privilégient le mouvement et la vitesse.
Être disciplinés… et marquer des essais. S'ils ne veulent pas être de nouveau battus dimanche, les Bleus vont quand même devoir revoir leur copie, notamment en appliquant une des notions de base du rugby : marquer des essais. "Quand il n'y a pas de confiance, c'est plus facile de défendre que d'attaquer", a reconnu d'ailleurs le jeune Arthur Ituria après la rencontre samedi dernier.
Face au XV du Chardon, l'objectif simple de marquer semble plus atteignable que face à l'Irlande. Les Écossais, pas franchement réputés pour être leur puissance, souffrent en plus de l'absence de ses meilleurs piliers, blessés. Résultat, la première ligne tricolore Poirot-Guirado-Slimani devrait mettre à mal leurs adversaires.
Autre point de vigilance : la discipline. Les Français ont commis trop de fautes face à l'Irlande, lui accordant quatre pénalités bien placés. "On leur a donné quelques points qu'on aurait pu éviter", a reconnu lui même Jacques Brunel. Les Ecossais en tout cas seront sans pitié face à des Français indisciplinés : leur sélectionneur Gregor Townsend a titularisé un des meilleurs buteurs du monde en la personne de l'expérimenté Greig Laidlow.
De nouveaux appelés pour pallier à la casse. C'était la grosse inquiétude de ce début de Tournoi. Lors de son premier match, la France a perdu sur blessure deux de ses meilleurs éléments, le troisième ligne rochelais Kevin Gourdon et le demi de mêlée toulousain Antoine Dupont. Et le jeune ouvreur Matthieu Jalibert, qui honorait sa toute première sélection à seulement 19 ans, a été fauché dès la 30ème minute, atteint au genou.
Pour pallier ses absences, Jacques Brunel et son staff ont fait appel à Lionel Beauxis. L'ouvreur de 32 ans joue ici au revenant. Cela fait en effet six ans qu'il n'a pas joué sous le maillot au coq, sa dernière sélection remontant à 2012. Migrant du Top 14 avec cinq clubs sur son CV (Pau, Paris, Toulouse, Bordeaux et Lyon), Beauxis mérite amplement ce retour en bleu, selon Baptiste Serin qui l'a côtoyé à Bordeaux : "il fait partis de ses demis d'ouverture qui ont un talent fou, il sait tout faire : le jeu aux pieds, les passes des deux côtés". Et son âge n'est pas un handicap : "il va apporter son expérience" à tous les jeunes sélectionnés, explique-t-il au micro d'Europe 1.
Sur la feuille de match de dimanche figurent aussi deux autres nouveaux dans le XV de départ : Marco Tauleigne, remplaçant face à l'Irlande, prend du grade en remplacement de Gourdon en 8 et Geoffrey Doumayrou, auteur d'une saison canon à La Rochelle, a été préféré au trop discret Henry Chavancy au centre.
Dimanche 11 février
Ecosse-France 16h à Edimbourg
Le XV de France de départ : Palis - Thomas, Lamerat, Doumayrou, Vakatawa - (o) Beauxis, (m) Machenaud - Y. Camara, Tauleigne, Lauret - Vahaamahina, Iturria - Slimani, Guirado (cap), Poirot
Les remplaçants : A. Pelissié, Ben Arous, Gomes Sa, Gabrillagues, Picamoles, Serin, Belleau, Fall
Le XV de l'Ecosse de départ : Hogg - Seymour, H. Jones, P. Horne, Maitland - (o) Russell, (m) Laidlaw - H. Watson, R. Wilson, Barclay (cap.) - J. Gray, Gilchrist - Berghan, McInally, Reid
Les remplaçants : Lawson, Bhatti, Welsh, Toolis, Denton, Price, C. Harris, Kinghorn