Pas même un an et puis s'en va : Igor Tudor ne sera plus l'entraîneur de l'Olympique de Marseille la saison prochaine, un départ qui intervient au bout d'une saison terminée à la 3e place et qui confirme l'extrême instabilité du club marseillais. La décision a été annoncée jeudi par le président marseillais Pablo Longoria lors d'une conférence de presse tenue aux côtés du technicien croate. "On a accepté et respecté le souhait de notre coach Igor Tudor de ne pas continuer l'aventure la prochaine saison", a déclaré le dirigeant.
Le technicien croate, nommé en juillet 2022 en remplacement de l'Argentin Jorge Sampaoli, avait rencontré Pablo Longoria mardi et les discussions s'étaient poursuivies mercredi avec son agent. La direction du club marseillais espérait alors encore conserver Tudor une saison supplémentaire, même si l'affaire semblait déjà entendue.
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"Un honneur"
"C'était un honneur de passer un an dans un tel club, de faire partie de cette famille grandiose, avec des tifosi qu'on voit peu, une énergie dans la ville qu'on voit peu, a de son côté expliqué Igor Tudor jeudi. Je laisse le club dans une meilleure situation que quand je suis arrivé, à de nombreux points de vue et je pars fier". L'histoire entre Tudor et l'OM n'était au fond pas très bien née. Elle avait en effet débuté avec un torrent de sifflets tombés des tribunes du Vélodrome pour saluer son nom lors de la 1re journée de Ligue 1 contre Reims, sans qu'on sache très bien de quoi Tudor était alors coupable, en dehors d'une difficile mais anecdotique campagne de matches amicaux.
Dix mois plus tard, le géant croate s'en va donc, pas beaucoup plus populaire qu'au mois d'août, sans avoir d'ailleurs rien fait pour se rendre plus aimable. Adepte d'une communication minimaliste vers l'extérieur, il a considéré depuis le début que ses résultats et le football joué par son équipe parlaient pour lui.
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Trop de tournants manqués
Parfois enthousiasmant et conforme avec ce qu'avait annoncé Longoria en début de saison, un football moderne et physique, le jeu de Tudor a donné ses plus beaux fruits en début de saison et au retour de la longue trêve hivernale liée à la Coupe du monde, avec notamment une victoire face au PSG, attendue depuis plus de dix ans à domicile. Porté par le talent et la hargne d'Alexis Sanchez, l'OM plaisait alors, avec l'énergie de ses pistons, l'agressivité de ses défenseurs centraux et son activité constante, dans les courses et le pressing.
Mais l'OM a raté trop de tournants (contre Tottenham en Ligue des champions, Annecy en Coupe de France, Lens en championnat) et a fini par s'user, le management du Croate laissant parfois perplexe. Intransigeant, il s'est coupé de nombreux joueurs, comme Dimitri Payet, Eric Bailly, Mattéo Guendouzi ou Gerson avant eux, au point de faire croire que l'effectif marseillais, pourtant solide et étoffé, était trop limité. Il a aussi payé un mercato d'hiver inopérant, avec les arrivées sans impact de Vitinha, Ruslan Malinovsky et Azzedine Ounahi (blessé).
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Un contexte difficile
Mais son départ confirme aussi la dureté du contexte marseillais, où la stabilité semble impossible. Depuis le début de l'ère Frank Mc Court, en octobre 2016, déjà cinq entraîneurs se sont assis sur le banc olympien : Rudi Garcia, André Villas-Boas, Nasser Larguet pour un court intérim, Jorge Sampaoli et Igor Tudor. Seul Garcia est resté plus de deux ans et Villas-Boas, Sampaoli et Tudor ont tous choisi de quitter Marseille.
Alors que la saison de l'OM reprendra dès le 8 ou le 9 août avec un 3e tour préliminaire de Ligue des champions, Longoria va devoir rapidement trouver un successeur au Croate. Le dirigeant espagnol et son directeur du football Javier Ribalta sont convaincus que le profil de Tudor, tourné vers le travail, le physique et le jeu direct, était le bon et ils viseront peut-être un technicien aux idées proches. Tudor, lui, pourrait retourner en Italie, le pays où il a fait toute sa carrière ou presque, comme joueur et comme entraîneur. Il était encore présenté ce jeudi dans Tuttosport comme le premier choix de la Juventus en cas de départ du club turinois de Massimiliano Allegri.