Comme prévu, Unai Emery a pris mardi officiellement le poste d'entraîneur du Paris Saint Germain. Le technicien espagnol de 44 ans, qui s'est engagé jusqu'en 2018, aura pour principal objectif de mener le club de la capitale aux sommets européens, ce qu'a échoué à faire Laurent Blanc. Si le Basque amène avec lui plusieurs certitudes, de nombreuses questions sont encore en suspens.
Des atouts certains...
- Un meneur d'hommes exemplaire
Unai Emery a d'abord été choisi pour ses qualités de meneur d'hommes, qui ont fait défaut à Laurent Blanc aux yeux des dirigeants parisiens. Le nouveau coach du PSG n'a certes pas le charisme de Jürgen Klopp, l'expérience de Carlo Ancelotti, ni le palmarès de Pep Guardiola. Mais le longiligne Basque, tignasse sombre et regard ardent, est un technicien à fort caractère, un tacticien roué et un perfectionniste, grand adepte des préparations vidéos. Et c'est peu dire : il filme même les entraînements avec une GoPro pour les revisionner ensuite. À des années-lumières de l'image de dilettante de Blanc. Loin également du flegme affiché par ce dernier, accusé de pas avoir su motiver ses hommes en quart de finale de C1 contre Manchester City. Unai Emery, à l'inverse, vit les matches hyper intensément, galvanisant ses troupes.
Nasser Al-Khelaïfi, président du PSG, estime ainsi que "Unai va apporter au club toute son expérience, sa passion et ses grandes qualités aussi bien en termes de management que sur le plan humain". "Il a un talent avéré pour tirer le meilleur d'une équipe. Je suis convaincu que nos fans aimeront le style spectaculaire de football que notre équipe jouera sous la direction d'Unai", avance le dirigeant qatari.
- Un parcours remarquable
Après une carrière de joueur plutôt modeste dans des clubs tels que le CD Toledo ou encore le Racing de Ferrol, Unai Emery fait ses débuts en tant qu’entraîneur avec le Lorca Deportiva, club de troisième division. Dès sa première saison sur le banc, il permet au club de monter en deuxième division, une première dans l’histoire du club. L’année suivante, il confirme en se classant à la cinquième place, à cinq petits points seulement de la montée en Liga. Puis vient Almeria, avec lequel il rejoint l'élite dès sa première saison. De quoi lui ouvrir deux ans plus tard les portes de Valence, où, entre 2008 et 2012, il accroche à trois reprises le podium, derrière les ogres que sont le Real Madrid et le FC Barcelone. Avec Séville (2013-2016), le "professeur", comme il est surnommé, est même le premier entraîneur à conquérir la Ligue Europa trois saisons d’affilée (2014, 2015 et 2016). Unay Emery est donc réputé - à juste titre - pour tirer le meilleur d'un groupe, en faisant de seconds couteaux une équipe de tueurs. Sauf que le PSG est quand même d'un cran supérieur.
... Mais aussi des interrogations
- La Ligue Europa oui, mais la Ligue des champions ?
En Ligue Europa, rien à dire. En revanche, en Ligue des champions, les prestations de ses équipes n'ont pas été franchement marquantes, avec notamment une éviction dès la fin de la phase de groupes en 2015, ce qui a toutefois permis à Séville d'être reversé en Ligue Europa. Sa meilleure performance en C1 ? Un huitième de finale lors de la saison 2010-2011 avec Valence. C’est la seule fois qu’il était parvenu à sortir des poules. Peut-il, donc, faire franchir dès cette année ce palier tant attendu au PSG ? Si dans le passé, Emery a pu construire et prendre son temps, cette époque est à présent terminée : la direction parisienne veut des résultats, et vite.
- Le charisme suffira-t-il dans le vestiaire ?
Une autre interrogation plane par ailleurs au-dessus du grand front du Basque : sa méthode sera-t-elle soluble dans le vestiaire de stars du Paris SG, pas toujours bien disposées à l'égard de l'autorité ? Si Ibrahimovic n'est plus là, Unai Emery devra en effet composer avec Serge Aurier notamment, habitué aux écarts la saison dernière. Et remobiliser un vestiaire encore traumatisé par son élimination inattendue en quarts de finale de Ligue des champions. Le natif de Fontarrabie, juste à la frontière avec la France, a toujours su se montrer proche de ses joueurs, et les Parisiens sont nombreux à parler l'espagnol. Il n'empêche, il faudra faire des choix, et c'est d'ailleurs ce qu'il fait : partout où il passe, Emery fait tourner. C'est simple, en trois ans à Valence, il n'a jamais aligné deux fois de suite le même onze titulaire. Et à Séville, il a titularisé cette saison 34 joueurs différents en Liga. Reste à faire accepter ces choix aux joueurs, ce qui n'est pas encore gagné.
C'est une évidence, l'Espagnol a lui aussi un palier à franchir au PSG, lui qui n'a jamais réussi hors d'Espagne, son expérience au Spartak Moscou - moins de six mois en 2012 ! - ayant tourné au fiasco. Alors, réussira, réussira pas ? Seule sa performance en Ligue des champions pourra apporter une réponse.