Voilà qui était impensable, il y a encore quelques mois. À l'heure d'entrer en lice à l'US Open, mardi contre le Hongrois Marton Fucsovics, Novak Djokovic aborde la quinzaine dans la peau d'un favori, un mois et demi après une victoire inespérée à Wimbledon. Une véritable renaissance pour le phénix serbe, au trente-sixième dessous depuis deux ans.
Une chute entamée en 2016. Paradoxalement, ses doutes ont pointé le bout de leur nez juste après son succès à Roland-Garros en 2016, seul Grand Chelem qui manquait à son palmarès. Six mois plus tard, le "Djoker" perd sa place de numéro 1 mondial, et va mettre de longs mois avant de retrouver l'envie.
Un entourage trouble et une opération à un coude. Dans cette période trouble, il change d’entraîneur, fait appel à Angré Agassi et à un sulfureux coach mental, l'Espagnol Pepe Imaz. Une blessure au coude provoque alors un break de six mois, après Wimbledon 2017. Le Serbe dégringole même au 22ème rang mondial juste avant de retrouver la terre battue parisienne, en mai dernier. Une première hors du top 20 depuis octobre 2006.
Depuis juin, le rebond. Depuis sa défaite le 5 juin en quart de finale Porte d'Auteuil, face au surprenant italien Marco Cecchinato, Djokovic n'a plus perdu que deux matches, en juin en finale du Queen's, face à Cilic, et en août au troisième tour à Toronto, contre la révélation de l'été américain, le jeune Grec Stefanos Tsitsipas, futur finaliste au Canada.
Wimbledon, Cincinnati : un été de rêve. Pour le reste, il revit, retrouvant la sixième place au classement ATP, après s'être offert un treizième titre du Grand Chelem à Londres, en juillet, devenant même, il y a une semaine à Cincinnati, le premier tennisman de l'histoire à remporter les neuf Masters 1000 du circuit.
"Il s'est entraîné plus dur que tout le monde". "Il est revenu à l'essentiel", note sur Europe 1 Thierry Champion, directeur du haut niveau à la Fédération française. "Il a repris son coach historique (le Slovaque Marian Vajda, en avril, ndlr) et s'est entraîné encore plus dur, plus dur que tout le monde. Au mois de mars, je n'aurais jamais parié sur un titre en Grand Chelem cette saison. Je pensais que ça aurait pris plus de temps…", reconnaît Thierry Champion.
Le troisième homme, avec Federer et Nadal. "Il a montré combien il est exceptionnel en gagnant Wimbledon", a pour sa part salué Roger Federer, qui ne voit pas le Serbe, victorieux de l'US Open en 2011 et 2015, s'arrêter en si bon chemin. "Je pense qu'il peut encore mieux jouer, qu'il en a encore sous le pied disons, ce qui est encore plus encourageant pour lui". Et le Suisse, numéro 2 mondial, pourrait bien le constater de ses propres yeux, car les deux hommes pourraient se retrouver dès les quarts de finale. Leur dernier duel avait d'ailleurs tourné court, à l'avantage de Novak Djokovic (6-4, 6-4).
Mais l'avantage ne se résumera pas à ces deux hommes. À Flushing Meadows, Rafael Nadal vendra chèrement sa peau de numéro un et vainqueur sortant. Le point commun entre ces trois champions ? Tous ont connu des passages à vide avant de retrouver les sommets.