Quelques mois après une vague de scandales d’agressions sexuelles dans le sport français, l’heure est au premier bilan. Et le constat est accablant. La ministre des Sports, Roxana Maracineanu, a révélé mercredi que près de 180 personnes sont mises en cause dans des affaires présumées de violences sexuelles dans le sport. L’ancienne nageuse a détaillé ces chiffres, mercredi soir sur Europe 1.
"Avec ce point d’étape nous pouvons mesurer l’ampleur du phénomène. Près de 2.000 mails sont arrivés au ministère des Sports, avec 177 agresseurs présumés et mis en cause. Parmi les cas signalés, il y a 40 fédérations. Elles sont toutes touchées, avec des sports plus anciens et plus modernes", a déploré la ministre.
"Un phénomène que je ne mesurais pas"
La série de scandales avait débuté en décembre dernier, avec une enquête édifiante du site web Disclose, avec d’autres médias, sur des "dysfonctionnements majeurs" dans le traitement d’affaires de pédophilie dans le sport. Puis, dans les semaines suivantes, le monde du patinage avait été secoué par plusieurs révélations d’agressions sexuelles sur plusieurs patineuses, conduisant à la démission de Didier Gailhaguet, l’ex-président tout puissant de la Fédération française des sports de glace (FFSG).
"Quand je suis arrivé au ministère en 2018, je portais cette volonté de rentrer dans la formation des éducateurs sportifs pour leur parler des méthodes d’enseignement et de pédagogie vis-à-vis des jeunes. Derrière tout ça, il y a eu un phénomène que je ne mesurais pas, grâce aux médias et aux témoignages des victimes", a avoué Roxana Maracineanu. "Ces cas de violences verbales cachaient parfois des dérives bien plus graves, dont des dérives sexuelles."
"Il faut que les fédérations soient responsables"
Près de 90 procédures judiciaires sont en cours concernant ces affaires dans le monde du sport et 16 personnes sont actuellement incarcérées. Mais la ministre des Sports constate une différence de prise de conscience du problème en fonction des disciplines.
"Il y a un niveau d’engagement des présidents de fédérations qui varie et qui peut être interprété négativement. Quand il y a un grand chiffre dans certaines fédérations, il faut aussi lire l’engagement de la transparence. Et quand il n’y a aucun chiffre disponible, c’est parce que la Fédération n’est pas engagée dans ce domaine. Il faut que le sport participe à cet effort collectif de libération de la parole", a insisté Roxana Maracineanu, consciente du travail à accomplir pour en finir avec les violences sexuelles dans le sport.
"Il faut, par tous les biais, être en capacité d’agir sur les associations sportives. Il faut que les mairies soient au courant de ce qu’il s’y passe et que les fédérations soient responsables. Le ministère doit être là pour agir, c’est-à-dire signaler systématiquement à la justice, vérifier que les enquêtes aillent jusqu’au bout et puis pouvoir prendre des mesures administratives et fédérales pour écarter ces adultes, quand il le faut", a conclu la ministre.