Dans un livre paru jeudi, l'ex-patineuse de 44 ans Sarah Abitbol, dix fois championne de France, accuse son ancien entraîneur de l'avoir violée lorsqu'elle était mineure. Elle fait le constat qu'il est difficile de "rompre l'omerta" sur les violences sexuelles dans le sport. Pour Véronique Lebar, présidente de l'association Comité éthique et sport, qui s'est exprimée sur le sujet jeudi sur Europe 1, cette omerta "constitutive des règles du sport" est bien "le problème essentiel à la base de (...) toutes les souffrances des sportifs victimes de violences sexuelles dans le sport".
"Dans la tête des sportifs, il faut tenir"
Selon Véronique Lebar, cela s'explique notamment par l'inculcation très tôt aux sportifs du mantra "plus vite, plus haut, plus fort". "Ce qui implique dans la tête des sportifs qu'il faut tenir. No pain, no gain. Contre tous les obstacles. Et très régulièrement, cette violence sexuelle ou cette maltraitance est vécue comme un énième obstacle que le sportif doit dépasser", avance-t-elle.
"La deuxième chose, c'est que l'horreur de cette violence sexuelle est tellement insupportable au conscient de la victime qu'elle préfère la reléguer dans un petit coin de son conscient ou de son inconscient en se disant : 'Ça va passer, il faut que je tienne.'", poursuit Véronique Lebar, pour qui "tous les sports" sont concernés.
"Des facilités pour avoir une intimité"
Le contexte sportif favoriserait aussi les agissements des prédateurs sexuels selon Véronique Lebar. "Un prédateur sexuel sait très bien que dans le sport, le toucher est moins tabou. Qu'il aura des facilités pour avoir une intimité."
La présidente de l'association Comité éthique et sport va jusqu'à parler de "dépendance" entre "un entraîné et un entraîneur". "Et pour que l’entraînement se fasse de façon adéquate et optimale, il faut qu'il y ait une profonde confiance entre les deux (...) C'est par l'entraîneur qu'on va avoir la performance, les honneurs, l'argent, la reconnaissance des copains", illustre-t-elle. "Pour les personnes malsaines, elles transforment cette dépendance en emprise".