L'INFO. Quelques heures après les annonces des chiffres de ventes des consoles de Microsoft et Sony, voici une autre bonne nouvelle pour le marché du jeu vidéo. Les constructeurs étrangers vont pouvoir vendre leurs consoles en Chine puisque Pékin a levé, mardi même si ce n'est que provisoire, une interdiction de ces appareils qui datait de l'année 2000. Un énorme marché qui s'ouvre donc pour Microsoft, Sony et surtout Nintendo. Mais la bataille du jeu vidéo dans l'ex-Empire du milieu est loin d'être gagnée. Explications.
Les "effets néfastes" du jeu vidéo. La Chine avait interdit, en 2000, la distribution de consoles en raison d'effets néfastes des jeux vidéo sur la "santé mentale" de sa jeunesse. Une interdiction levée le 21 décembre dernier (mais connue seulement mercredi) suite à un assouplissement de la réglementation en vigueur, qui autorise désormais la fabrication des consoles étrangères dans la zone franche de Shanghai et à les vendre dans le reste du pays.
Un énorme marché pour les constructeurs... Cette interdiction de Pékin avait entraîné la fermeture du troisième marché mondial du secteur aux géants du secteur que sont Sony, Microsoft et Nintendo. Ce dernier groupe, qui a longtemps dominé le jeu vidéo (10 milliards d'euros en 2012), a semblé dépassé par l'avènement du jeu sur mobiles et tablettes. La marque a en effet refusé de transposer ses plus célèbres licences (Mario ou Zelda) sur iPhone ou Android. Avec ce changement de politique économique en Chine, c'est elle qui a le plus à y gagner. Il s'agit donc d'"un développement positif pour Nintendo et son compatriote Sony, car la Chine est un énorme marché potentiel", a réagi Hirokazu Hamamura, directeur général de la maison qui publie Famitsu, l'un des plus grands magazines sur le jeu vidéo.
…mais un marché pas gagné d'avance. Plusieurs obstacles se dressent encore malgré tout à l'essort des Wii U et autres consoles étrangères en Chine. Le premier est la conséquence de l'interdiction de 2000 : les joueurs chinois se sont habitués à jouer sur ordinateur. "Si Sony et Microsoft veulent se développer en Chine, il va falloir qu'ils pensent à modifier leur approche et qu'ils étudient le succès des fournisseurs de jeux sur Internet qui proposent de jouer gratuitement mais qui facturent certaines manières de jouer", a dit Roger Sheng, chercheur au cabinet Gartner. Autre obstacle : le prix des consoles actuelles. Selon le groupe bancaire asiatique CLSA, 70% des amateurs chinois de jeu vidéo gagnent moins de 485 euros par mois. Soit le prix de deux Wii U ou d'une seule Xbox One en France.
Nintendo reste prudent. Si le cours de l'action a bondi de 10,76% mercredi à la Bourse de Tokyo (à 15.850 yens soit environ 110 euros), Nintendo s'est montré prudent devant cette annonce. Un porte-parole de la marque a déclaré que le créateur des Pokémon et de Super Mario étudiait certes les effets des règles assouplies, mais il a ajouté qu'à ce stade, "rien n'a été décidé officiellement concernant le marché chinois".