Il décrypte l'un des programmes politiques les plus pointus et parfois les plus indigestes de la télévision : la séance des questions au gouvernement en direct depuis l'Assemblée nationale. Le passionné de jeux vidéo Jean Massiet a fondé Accropolis, une chaîne disponible sur la plateforme de streaming Twitch et qui vise à vulgariser le savoir politique. Jean Massiet explique au micro de Philippe Vandel, mardi, pourquoi il a créé cette chaîne d'un nouveau genre.
"Cela fait trente ans que [les questions au gouvernement] sont diffusées à la télévision et personne n'y comprend rien. Pourtant, c'est censé nous aider à mieux comprendre la politique", affirme-t-il. "C'est contre productif et ça donne une très mauvaise image de la vie politique alors que c'est une séance importante. Il faut essayer d'imaginer un sport dont personne ne comprendrait pas les règles, qui ne serait pas expliqué... mais diffusé toutes les semaines à la télévision."
Rétablir la confiance
Lui qui travaillait auparavant pour le cabinet de Marisol Touraine quand elle était ministre de la Santé, a souhaité donner des "clés de lecture" à son public pour mieux comprendre la politique. "Si on ne donne pas ces clés de lecture aux gens, il ne faut pas s'étonner qu'ils soient de plus en plus en défiance vis-à-vis du politique. Donc, je me suis dis qu'il fallait expliquer comment cela marche et donc commenter ce programme en direct", explique Jean Massiet.
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L'animateur de 32 ans commente les joutes verbales des hommes politiques comme on commenterait une partie de jeu vidéo. Pari gagnant : sa chaîne compte aujourd'hui près de 30.000 abonnés sur Twitch et 26.000 sur Youtube.
Autre aspect décisif pour Jean Massiet : sa chaîne invite le public à réagir. "À titre personnel, je suis un mordu de jeux vidéo, je joue depuis des années et je regarde des parties de jeux vidéo commentées en direct. Le fait de pouvoir interagir en direct avec le public et répondre à ses questions directement, c'est une manière de permettre au public de vivre en direct l'événement comme s'il y était", détaille-t-il. "Cela a particulièrement du sens en politique d’interagir avec les gens. Cela permet de faire remonter des questions et des opinions."
Un public jeune éloigné de la politique
Cette interaction est d'autant plus utile que Jean Massiet cherche à s'adresser à des personnes "relativement jeunes" (entre 15 et 35 ans), éloignées du milieu politique, et qui ne font pas "la différence entre un député et un ministre". "Pour eux, ce sont des vieux en costard qui s'engueulent avec des mots que l'on ne comprend pas", lance-t-il. "Je ne m'adresse pas aux étudiants en sciences politiques ou en droit car ils ont déjà les clés de compréhension. Je vais chercher un public qui, lui, spontanément n'aurait jamais cliqué sur une vidéo comme celle là. C'est pour cela que je vais sur une plateforme de jeux vidéo."
Avec Accropolis, Jean Massiet se détache des méthodes des Youtubeurs, en ne donnant pas son opinion personnelle. "Ça n'a aucun intérêt. Je suis vraiment là pour faire de la pédagogie", estime-t-il. Accropolis n'a également rien à voir avec les émissions d'infotainment comme Quotidien, qui soulignent les travers des hommes politiques. "J'essaye d'aller au delà de la caricature et du côté théâtral pour dire au public : 'Certes, c'est rigolo mais ce qui est en train de se dire est important : dans la séance de cet après-midi, on va quand même parler de l'Iran et de la réforme des retraites'".
Accropolis ne se contente pas seulement de commenter les questions au gouvernement. Rémunérée par des partenariat avec notamment Public Sénat ou des institutions telles le Sénat ou le Conseil économique, social et environnemental (Cese), la chaîne propose aussi des moments de libre antenne où des auditeurs peuvent parler de politique, des émissions qui abordent l'actualité des partis politiques ou encore une émission où des jeunes peuvent poser des questions à un sénateur.