Mark Zuckerberg, le CEO et fondateur de Facebook, est reçu mercredi à l'Elysée par Emmanuel Macron dans le cadre de sa visite européenne. Il déjeunera avec le président français et une cinquantaine de grands patrons à l'occasion du sommet "Tech for good", avant de participer à des ateliers et de rencontrer Emmanuel Macron pour un entretien d'environ une heure en fin de journée. Cette visite en France et en Europe doit permettre à Facebook de restaurer la confiance et de mettre en avant ses investissements dans le pays.
Redorer son image
Comme il l’a déjà fait mardi soir lors de son audition devant le parlement européen, le fondateur de Facebook cherchera à redorer son image après le scandale Cambridge Analytica, du nom de cette entreprise britannique accusée d'avoir récupéré frauduleusement les données de 87 millions d'utilisateurs du réseau social pour les utiliser à des fins politiques. Malgré le faible nombre d'utilisateurs français concernés (211.667 utilisateurs sur plus de 30 millions en France), l'affaire a laissé des traces à quelques semaines de l'entrée en vigueur du RGPD (Règlement Général sur la Protection des Données). Les deux hommes devraient donc évoquer l'application de ce règlement européen qui prévoit une meilleure information des utilisateurs sur l'usage qui est fait de leurs données personnelles.
Mark Zuckerberg profitera aussi de cette rencontre avec Emmanuel Macron pour mettre en avant les investissements de son entreprise en France et en Europe et pour "réaffirmer l'engagement de Facebook pour l'innovation en France", nous explique une source au sein du réseau social. Son laboratoire français d'intelligence artificielle, FAIR Paris, fêtera ses trois ans le 2 juin prochain. Une augmentation des investissements a récemment été annoncée pour doubler les effectifs et arriver à 60 chercheurs. Il s'agit d'ailleurs de la raison officielle de la présence en France de Mark Zuckerberg, explique Facebook. Un temps évoquées par l'Elysée, les annonces sur l'inclusion numérique (formation des utilisateurs, programmes RSE…) ne seraient finalement pas au programme.
Défendre ses positions
Le PDG de Facebook défendra aussi ses positions, notamment sur la taxation des entreprises du numérique. La France, en pointe sur ce sujet, milite pour une réglementation plus dure alors que les géants du numérique pratiquent toujours l'optimisation fiscale. Récemment, la Commission européenne a annoncé son projet de taxer les sociétés concernées de 3% de leur chiffre d'affaires, et non des bénéfices comme le veut l'usage (générés dans chaque pays où ils sont présents).
Le projet français de changer les règles de modération des contenus haineux ou relevant du harcèlement sera aussi discuté. Alors que l’exécutif souhaite que les contenus illégaux postés sur les réseaux sociaux soient retirés "dans l'heure suivant leur signalement", Facebook, lui, le fait majoritairement dans les 24 heures. Et le réseau social cherche à éviter une loi similaire à celle mise en place en Allemagne en début d'année et qui l'oblige à traiter tous les contenus en 24 heures sous peine d'une forte amende. "Nous voulons retirer les contenus le plus vite possible, mais nous pensons qu'une loi comme la loi allemande qui nous oblige à trancher ce qui est légal et ce qui ne l'est pas par rapport à la culture et aux lois allemandes n'est pas la bonne solution", expliquait à Europe 1, Monika Bickert, responsable de la modération chez Facebook mi-mai. Charge à Mark Zuckerberg de convaincre le président français.