Après Londres, Bruxelles fixe à son tour ses règles sur la 5G. L’objectif étant de renforcer les contrôles face aux risques d’espionnage. Thierry Breton, le commissaire au marché intérieur, dévoile mercredi la "boîte à outil" que l’Union européenne met à la disposition de ses ressortissants pour leur permettre de limiter, voire même d’interdire à des équipementiers à risque de pénétrer nos réseaux 5G.
Bruxelles prend soin de ne jamais mentionner le géant chinois Huawei, mais la Commission veut absolument éviter que nos infrastructures critiques, à travers lesquelles circulent une foule de données, puissent être dépendantes de fournisseurs dans lesquels nous n’aurions pas confiance. En cas de conflit avec la Chine par exemple, nous risquerions un "black out", autrement dit un arrêt des réseaux si certaines parties critiques sont contrôlées par un équipementier de type Huawei.
Une obligation de garanties
De l'autre côté de l'Atlantique, l'administration Trump redoute cette situation. En revanche, les Britanniques, eux, ont consenti une ouverture limitée. Malgré les menaces directes de Donald Trump, le gouvernement de Boris Johnson a autorisé Huawei, bien qu’il soit qualifié de "fournisseur à haut risque". Il ne pourra toutefois intervenir que sur les infrastructures les moins sensibles, c’est-à-dire pas sur le cœur du réseau.
La solution européenne est plus subtile : elle n’interdit rien mais fixe une marche à suivre qui, en pratique, revient à écarter des fournisseurs qui ne présentent pas les garanties suffisantes. La vraie réponse au défi d’espionnage posé par Huawei consiste en réalité à soutenir une offre alternative européenne : Nokia et Ericsson sont des concurrents de Huawei, ils ont un peu de retard sur le plan technologique, mais ils sont encore dans la course. Le plan européen devrait à terme les favoriser. L’indépendance technologique et la souveraineté ont un prix.