Plusieurs ONG ont appelé mercredi à un moratoire sur le déploiement de la 5G, craignant des risques pour la santé mais aussi des conséquences "hors de contrôle" sur la société de cette technologie attendue comme une révolution dans la téléphonie mobile.
"Une réflexion et un débat citoyen approfondis"
Permettant de transmettre beaucoup plus rapidement que la téléphonie mobile actuelle de très grandes quantités de données, la 5G promet le développement de technologies futuristes, voiture autonome, chirurgie à distance, usine automatisée et objets connectés. Mais elle va faire "basculer la planète et la société dans un monde aux conséquences hors de contrôle", dénoncent Agir pour l'Environnement, Priartém-Electrosensibles de France et d'autres ONG.
"Les technologies de la communication sans fil et du numérique ont déjà des impacts qui n'ont rien de virtuel: risques pour la santé physique et mentale, hyperconnexion dans le monde du travail et chez les jeunes, sols, paysages et écosystèmes impactés, facture énergétique grandissante, gaspillage de ressources, risques du big data sur les libertés, poids des lobbies sur la science et les politiques publiques...", notent-elles, estimant que la 5G conduira "inéluctablement à aggraver cet état de fait. Elles réclament ainsi un moratoire sur le déploiement du réseau et l'organisation d'un débat public au préalable: "Développer un programme qui modifiera durablement l'environnement électromagnétique de la planète, les interactions homme-machine et le fonctionnement global de notre société, ne peut être imaginé sans une réflexion et un débat citoyen approfondis".
"L'Anses recommande une réduction des expositions"
"Pour l'instant ce projet n'a pas du tout été soumis aux citoyens", a dénoncé Sophie Pelletier, présidente de Priartem. "On voit défiler tous les 6 à 10 ans des nouvelles technologies qui s'accompagnent à chaque fois d'une augmentation de l'exposition (aux ondes) alors que l'Anses recommande une réduction des expositions", a-t-elle déclaré à l'AFP.
Dans un rapport publié en 2016, l'agence sanitaire Anses avait notamment estimé que les ondes électromagnétiques émises par les téléphones portables, les tablettes tactiles ou les jouets connectés pouvaient avoir des effets sur les fonctions cognitives - mémoire, attention, coordination - des enfants. Les experts avaient alors recommandé de limiter l'exposition des jeunes populations. Quant aux électrosentibles, qui assurent souffrir de troubles dus aux ondes et aux champs électromagnétiques, l'Anses avait en 2018 reconnu l'existence de leur souffrance, tout en soulignant qu'il n'existait pas de preuve de lien entre l'exposition aux ondes et ce syndrome controversé.
La procédure d'attribution des fréquences 5G aux opérateurs télécoms a été officiellement lancée le 15 juillet. La France espère un premier déploiement commercial dans quelques grandes villes à la fin de 2020 et la couverture des deux tiers de la population d'ici 2026.