Une trentaine d'éditeurs de presse européens réclament la révision d'un projet de règlement de Bruxelles sur les données personnelles dans une lettre ouverte à paraître lundi. Ce projet menacerait, selon eux, leur modèle économique sur Internet.
Un choix unique pour les "cookies". Ce projet en cours de discussion, appelé à remplacer l'actuelle directive "ePrivacy", permettrait à chaque internaute de décider dès sa première connexion du niveau de protection qu'il souhaite pour l'ensemble des sites qu'il visitera par la suite. Il ne déciderait donc qu'une seule fois d'accepter ou non les "cookies", ces fichiers invisibles qui se greffent sur un ordinateur pour capter des données personnelles, et non site par site.
Ce projet "prive les éditeurs de presse de la capacité d'informer chacun des lecteurs sur les raisons pour lesquelles leur consentement est sollicité, d'expliquer les avantages de contenus journalistiques et marketing personnalisés, et de rappeler l'importance de l'abonnement et de la publicité dans le modèle économique d'une presse de qualité", regrettent les 33 éditeurs signataires dans cette lettre ouverte.
Une concentration des données. "En privant les éditeurs de presse de proposer des publicités ciblées à leurs lecteurs, ePrivacy [la nouvelle version, ndlr] favorise la réorientation des annonceurs publicitaires de la presse vers les plateformes numériques dominantes, et diminue donc l'investissement possible dans le journalisme de qualité", poursuit le texte, qui déplore aussi "une concentration des données des citoyens numériques européens aux mains de quelques entreprises mondiales".
Des données indispensables. En France, les quotidiens Le Monde, Le Figaro, Les Échos, Libération, Le Parisien, La Croix, L'Équipe et L'Humanité, font partie des signataires de cette lettre adressée au Parlement européen et au Conseil de l'UE. "La presse n'a jamais eu autant de lecteurs, grâce à ses développements numériques (...). Ces performances ne permettront l'émergence d'un modèle économique de la presse digitale qu'à la condition que les éditeurs puissent connaître leurs lecteurs et développer une relation directe avec eux", fait valoir dans un communiqué dimanche le Syndicat de la presse quotidienne nationale (SPQN), qui est à l'initiative de cette action.
Mieux connaître son lecteur. "Le recueil de données anonymisées (...) permet aux rédactions de mieux connaitre les centres d'intérêts éditoriaux de chaque lecteur et de développer des offres de contenus adaptées", explique le SPQN. "Il est aussi essentiel pour adresser aux internautes des publicités ciblées, donc utiles et acceptées", poursuit-il. "C'est pourquoi la presse européenne pense indispensable, afin qu'elle puisse mieux remplir son rôle d'information, que 'ePrivacy' soit profondément revu", conclut le SPQN.