Alors que la fermeture de la centrale de Fessenheim et, de fait, son hypothétique démantèlement, constitue un véritable serpent de mer de la vie politique française, un rapport parlementaire rendu public aujourd'hui estime que le démantèlement des centrales nucléaires françaises sera plus long, difficile et coûteux qu'anticipé par EDF.
"Les retours" d'autres pays "démentent" l'optimisme d'EDF. "D'autres pays se sont engagés dans le démantèlement de leurs centrales; les retours que nous en avons contredisent assez régulièrement l'optimisme dont fait preuve EDF, tant sur les aspects financiers que sur les aspects techniques du démantèlement", souligne le rapport d'information. L'électricien exploite actuellement 58 réacteurs en France et compte neuf réacteurs à l'arrêt.
Selon le document, EDF estime à 75 milliards d'euros les charges brutes pour le démantèlement de l'ensemble de son parc, dont 36 milliards ont à ce stade été provisionnés, par le biais notamment d'un portefeuille d'actifs dédiés.
"Le coût du démantèlement supérieur aux provisions". "Le coût du démantèlement risque d'être supérieur aux provisions", estiment les auteurs, les députés LR Julien Aubert et PS Barbara Romagnan, soulignant que la faisabilité technique "n'est pas entièrement assurée" et que les travaux de déconstruction prendront "vraisemblablement plus de temps que prévu".
Alors que la doctrine prévalant en France veut que le démantèlement des réacteurs arrêtés intervienne immédiatement, EDF a déjà reporté de plusieurs décennies le démantèlement de six anciennes installations au graphite-gaz arrêtées pour la plupart depuis plus de 30 ans.
La standardisation du parc nucléaire facilitera-t-elle son démantèlement ? Pour justifier ses chiffres, EDF fait valoir des économies d'échelle qui découleront, selon lui, d'un effet de série lié à la standardisation du parc. Le groupe estime d'ailleurs le coût du démantèlement en extrapolant à l'ensemble des sites les charges estimées pour une centrale générique de quatre réacteurs de 900 mégawatts, celle de Dampierre (Loiret).
Or "le postulat de départ selon lequel le démantèlement de l'ensemble du parc sera homogène est remis en cause par certains spécialistes qui arguent que chaque réacteur a une histoire particulière avec des incidents différents survenus au cours de son histoire", souligne le rapport.