Les papyrus d'Herculanum consistent en quelque 800 rouleaux, selon les organisateurs du concours, carbonisés lors de cette éruption qui a enseveli Pompéi et Herculanum. Ressemblant à des bûches calcinées et conservés à l'Institut de France à Paris et à la Bibliothèque nationale à Naples, les rouleaux s'effritent et sont facilement endommagés lorsque l'on tente de les dérouler.
Le concours, nommé "Vesuvius Challenge" a été créé par Brent Seales, un chercheur en informatique à l'université du Kentucky aux États-Unis, et Nat Friedman, fondateur de la plateforme Github, détenue désormais par Microsoft.
Des caractères grecs enfin lisibles
Les organisateurs avaient réalisé au préalable des scans de quatre rouleaux et offraient une récompense totale d'un million de dollars pour qui déchiffrerait au moins 85 % de quatre passages de 140 caractères.
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Le trio récompensé par le "Vesuvius Challenge" est composé de Youssef Nader, un doctorant à Berlin, Luke Farritor, un étudiant et stagiaire de SpaceX originaire du Nebraska aux États-Unis, et Julian Schilliger, un étudiant suisse en robotique.
Ils ont notamment utilisé l'intelligence artificielle pour distinguer l'encre du papyrus et ont déterminé la nature des caractères grecs en détectant les répétitions. Grâce à cette technique, Luke Farritor avait déchiffré le premier mot d'un passage, le mot grec pour violet.
Un déchiffrement de 5 % d'un rouleau
Unissant leurs efforts, ils ont désormais déchiffré environ 5 % d'un rouleau, selon les organisateurs. Selon Nat Friedman, son auteur serait "probablement le philosophe épicurien Philodemus", écrivant "à propos de nourriture, de musique, et de comment profiter des plaisirs de la vie".
Certains historiens estiment que ces documents ont appartenu un temps à Lucius Calpurnius Piso Caesoninus, père de Calpurnia, l'une des épouses de Jules César. La "villa des papyrus", où ont été retrouvés au 18e siècle les rouleaux, est toujours en majorité enfouie et pourrait contenir plusieurs milliers d'autres manuscrits.
"Certains de ces textes pourraient complètement réécrire l'histoire"
"Certains de ces textes pourraient complètement réécrire l'histoire de périodes clés du monde antique", a estimé Robert Fowler, chercheur en études classiques et président de la Herculaneum Society, auprès du magazine Bloomberg Businessweek.
Le déchiffrage de ces textes pourrait en effet représenter une percée majeure : selon un inventaire de l'université de Californie à Irvine, seuls 3 à 5% des textes de grec ancien auraient survécu jusqu'à l'ère moderne.