"Je suis désolé". Le patron de Facebook, Mark Zuckerberg, a présenté mardi ses excuses devant le Parlement européen, comme il l'avait fait devant les parlementaires américains, pour les lacunes de son réseau social dans la protection des données de ses utilisateurs, illustrées par le scandale Cambridge Analytica. Mais le format de son audition a provoqué beaucoup de frustration : le temps consacré aux questions a été beaucoup plus long que les réponses de l'Américain.
"C'était une erreur". Costume sombre et cravate bordeaux, Mark Zuckerberg est apparu souriant mais un peu raide, attentif à côté du président du Parlement Antonio Tajani. L'audition à Bruxelles s'est déroulée devant les chefs de groupes politiques du Parlement, mais, sous la pression de plusieurs d'entre eux, a finalement été diffusée en direct sur Internet. Fausses informations, ingérences de l'étranger dans des élections ou développeurs utilisant de façon mal intentionnée les informations personnelles : Facebook n'a pas pris ses responsabilités, a reconnu Mark Zuckerberg. "C'était une erreur, et je suis désolé", a-t-il dit dans son introduction.
Mark Zuckerberg tells European Parliament investments to increase Facebook security will "significantly impact" profitability.
— ABC News (@ABC) 22 mai 2018
"But I want to be clear: keeping people safe will always be more important than maximizing our profits." https://t.co/xRl338pYR7pic.twitter.com/lr1yxFfC1q
Le fondateur de Facebook a été tancé par Guy Verhofstadt, le chef des libéraux (groupe ALDE). "Ça fait déjà trois fois depuis le début de l'année", lui a-t-il lancé. "Comment voulez-vous qu'on se rappelle de vous ? Comme un des trois géants de l'Internet avec Bill Gates et Steve Jobs ? Ou comme un génie raté ayant créé un monstre numérique qui détruit nos démocraties", l'a interpellé Guy Verhofstadt.
Vers un nouveau règlement européen. L'intervention de Mark Zuckerberg a eu lieu à trois jours de l'entrée en vigueur d'une législation visant à mieux protéger les données personnelles des Européens. Le patron de Facebook a assuré que son réseau social partageait entièrement les trois principes au cœur du nouveau règlement européen : "Contrôle, Transparence et Responsabilité". Et que Facebook sera conforme à la législation européenne dès vendredi. Le réseau offrira le même degré de contrôle à "tous ses clients" dans le monde, a-t-il promis. Notamment la possibilité d'effacer son historique de la même façon que l'on peut effacer ses "cookies" sur Internet.
Réactions mitigées. "Aujourd'hui était un premier pas pour Facebook pour rétablir la confiance et il en faudra d'autres", a réagi la commissaire européenne à la Justice Vera Jourova. Mais la déception était palpable parmi les responsables politiques du Parlement. "Vagues promesses", ont critiqué les chefs du groupes des Verts, Philippe Lamberts et Ska Keller. "Pas très convaincant", a jugé Manfred Weber, le chef du Parti du peuple européen (PPE, droite, principale force politique dans l'hémicycle). "Ce que cette audition a mis en lumière, c'est qu'on ne sait toujours pas à quel point les données personnelles ont été utilisées à mauvais escient. Jusqu'à ce qu'on sache vraiment ce qui s'est passé, et se passe encore, Facebook et les législateurs ne peuvent pas mettre en place les bonnes solutions pour empêcher les mêmes problèmes (de se répéter) à l'avenir", a déploré Syed Kamall, le leader des conservateurs.