"Slack ? Qu'est-ce que c'est que ça ?". Lorsqu'on pose la question autour de soi, la réponse est souvent la même. Et pourtant l'application de messagerie d'entreprise lancée par le Canadien Stewart Butterfield en 2013 est désormais utilisée dans nombre d'entreprises. "Deux tiers des entreprises du CAC40", souffle même celui qui est à la tête de la société. Europe 1 a pu rencontrer à l'occasion du Web Summit, le grand rendez-vous européen de l'innovation.
"Remplacer l'email"
"Slack est une plateforme de communication qui remplace les e-mails en entreprise", explique d'emblée Stewart Butterfield. Dans la pratique, le service est disponible aussi bien sur mobile via une application, que sur le web, et se présente sous la forme d'un espace de discussion propre à chaque entreprise. Les échanges sont organisés par conversations, appelées des 'chaînes'. "Ça offre plus de transparence que les e-mails parce que les chaînes peuvent exister avant que vous arriviez dans l'entreprise et après que vous soyez parti", indique le CEO. Et les chaînes peuvent être multiples. "Ça peut être pour une équipe, pour un projet, il peut aussi y avoir une chaîne par pays si l'entreprise est développée à l'international".
Pour Slack, l'idée est de rendre les échanges plus simples et de faciliter la communication au sein d'une entreprise. "Si quelqu'un arrive sur un projet déjà existant, il va pouvoir retrouver l'historique des échanges alors que si on utilise l'e-mail, ils n'auront pas accès aux informations en arrivant", avance Stewart Butterfield. En quelques années, Slack a séduit de nombreuses entreprises. Outre deux tiers des sociétés du CAC40, le service est utilisé par "des centaines de milliers d'équipe dans le monde".
Pas un concurrent de Facebook WorkPlace
A son lancement en 2013, Slack faisait office de pionnier dans le domaine. Désormais, certains géants attirés par le succès de l'application ont lancé le même type de service. C'est le cas de Facebook, qui avec WorkPlace, veut proposer un réseau social d'entreprise. Mais pas de quoi inquiéter les équipes de la start-up américaine. "Nous avons des clients qui utilisent WorkPlace en parallèle de Slack et ça a l'air d'être un très bon outil pour remplacer un intranet et communiquer auprès de toute l'entreprise, mais je ne pense pas que nous fassions la même chose", estime le patron.
Pas question pour autant de laisser la concurrence rattraper Slack. Et pour y arriver, l'entreprise propose régulièrement de nouvelles fonctionnalités. Elle offre depuis peu une application traduite dans plusieurs langues dont le français. "Nous venons aussi de lancer les 'chaînes partagées', ce qui permet à deux entreprises qui utilisent Slack de créer une chaîne partagée; ça peut être très pratique pour les entreprises qui ont des projets communs". Dans les mois à venir, l'application devrait aussi offrir plus de flexibilité aux services externes (Dropbox, Google Drive, Translate...) qui intègrent leurs solutions dans Slack.
Vers un chef d'équipe virtuel ?
A long terme, Slack se voit mettre le cap sur le 'machine learning'. "Dans plein de sociétés, on valide beaucoup de choses par e-mail. Vous recevez un e-mail avec un bouton sur lequel cliquer, une page Internet s'ouvre, vous validez et on vous envoie un email pour vous confirmer la prise en compte de votre demande... Dans Slack, vous avez simplement un message avec un bouton pour approuver. Ça peut sembler simple, mais ça demande beaucoup de travail", explique le fondateur.
Mais dans ses rêves, Stewart Butterfield aimerait aller encore plus loin. "Le rêve, ce serait de créer un 'Chief of staff' virtuel qui aurait une mémoire infinie, une patience illimitée, qui pourrait lire tous les messages et vous signaler pro-activement des points auxquels vous devriez faire attention", dit-il. L'avenir de Slack ?