Qu'est-ce que le traçage numérique ? Comment va-t-il être mis en place en France ? Quel risque pour les libertés individuelles ? Autant de questions qui se posent alors que le gouvernement a annoncé sa volonté de développer l'application Stop Covid, destinée à vous alerter si un de vos proches a contracté le coronavirus. Une des nombreuses méthodes de "tracking" sur lesquelles s'est penché l'ancien secrétaire d'Etat au numérique, Mounir Mahjoubi dans une note parlementaire.
Invité de Patrick Cohen sur Europe 1, il revient sur ces différentes pistes de "traçage numérique" de la population. Et le député de Paris tient à insister sur un point : 'il n'existe pas de solution magique". "Les solutions offertes par le numérique ne viennent que s'ajouter aux conditions beaucoup plus physiques et matérielles que seront un traitement, des moyens dans les hôpitaux, des masques, le respect des règles de distanciation".
"Quelque chose d'habituel dans les épidémies"
Au sujet de l'application du gouvernement, Mounir Mahjoubi se veut rassurant : "Le "contact tracking", c'est quelque chose qui se fait déjà dans le cadre des épidémies mais qui est fait à la main avec un calepin et un crayon", indique-t-il, expliquant que lorsque la France était encore au stade 1 et 2, à chaque cas, une interview minutieuse et très précise du malade était réalisée pour savoir qui il avait fréquenté durant les quinze derniers jours. "C'est ça qu'on appelle le contact "tracking". C'est quelque chose d'habituel dans les épidémies qui permet de prévenir toutes les personnes qui ont pu être contaminées pour qu'elles puissent elles aussi rester en quatorzaine chez elles et écouter leur corps à l'approche de premiers symptômes", reprend-il.
Selon lui, les bénéfices d'une version numérique de ce travail fastidieux sont nombreux. Il permet "d'apporter l'exhaustivité que le numérique va permettre en enregistrant pour vous sur votre téléphone tous les contacts que vous avez eu avec d'autres gens pendant quinze jours et les effacer au fur et à mesure. Et le jour où vous êtes testés positifs vous demandez à l'application de prévenir toutes les personnes que vous avez rencontrées durant ce laps de temps", détaille le député.
L'application ne "peut pas enregistrer d'informations individuelles"
Il n'y a donc pas lieu de s'inquiéter quant à une potentielle menace pour nos libertés individuelles, la France ayant "fait le choix de la solution la plus protectrice" de ces libertés, estime Mounir Mahjoubi. En effet, "cette application ne peut pas enregistrer d'informations individuelles, ne les centralise pas dans un serveur à la main d'un gouvernement ou des autorités de police. Elle permet ainsi de s'assurer par son architecture qu'elle ne peut être utilisée que dans un seul objectif : prévenir les personnes potentiellement contaminées", insiste le député.
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Il explique : "Mon téléphone enregistre les interactions qu'il a avec l'autre et si je suis positif, et par la déclaration d'un médecin ou spécialiste, on va utiliser ce qu'on appelle un identifiant temporaire de mon téléphone. Autrement dit, ce n'est pas mon nom et mon prénom qui vont être envoyés à un serveur mais un chiffre, un code barre. Il va donc être envoyé à un serveur central qui va l'envoyer à toutes les applications de France en leur disant : 'si vous avez enregistré dans votre base locale ce petit code-barre, ça veut dire que la personne qui détient ce téléphone a potentiellement été contaminée".
"Un dispositif unique" dont l'efficacité reste à prouver
Enfin, quant à l'efficacité d'une telle application, le député préfère "rester humble", bottant en touche sur le caractère inédit d'un tel dispositif : "Les meilleurs chercheurs en la matière en Europe et dans le monde sont en train de travailler sur ces sujets. La réalité, c'est que cette crise est unique et les solutions sont uniques".
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Interrogé sur l'exemple de Singapour qui a mis en place une application similaire mais qui n'a été téléchargée que par 20% de la population, Mounir Mahjoubi tient à nuancer : Ça ne vient qu'en plus du "contact tracking" réalisé par interview du médecin. C'est-à-dire que, quand bien même seulement 25% de la population utiliserait l'application, les 75% restants, s'ils sont testés positifs, se verront poser toutes les questions et ils le feront à la main avec le médecin", conclut-il.