C'est un nouveau casse-tête qui s'annonce pour le gouvernement : faut-il généraliser "le tracking" ou "traçage" numérique en vue d'un confinement plus efficace. Le débat divise au sein même de la majorité et ailleurs en Europe, des pays comme l'Allemagne et la Grande-Bretagne ont déjà adopté de tels dispositifs. Mais quel risque ces applications font-elles peser sur les libertés individuelles ?
Pour Gérôme Billois, expert en cybersécurité chez Wavestone, il est possible de concilier efficacité et respect de ces libertés. Selon lui, le meilleur équilibre est actuellement offert par la technologie bluetooth qui permet par exemple de connecter des écouteurs sans fils ou un téléphone aux hauts-parleurs de sa voiture. "L'avantage énorme c'est que cette technologie ne sait pas où nous sommes géographiquement, elle ne connaît pas nos localisations contrairement aux GPS ou à la 4G. La seule chose qu'elle sait, c'est quels sont les téléphones proches de nous et c'est ce qu'on va chercher à suivre dans le cadre de la lutte contre l'épidémie", résume-t-il.
Pas de géolocalisation
C'est en effet la piste que semble privilégier le gouvernement même si ce dernier le martèle : à ce stade, "aucune décision n'est prise". Toutefois, une application "Stop Covid" pourra bientôt être téléchargée, sur la base du volontariat. Elle permettra d'être alerté automatiquement dès que nous avons croisé une personne malade de près et pendant un certain temps. Nous pourrons ensuite nous faire tester et nous isoler en cas de besoin. Un dispositif qui repose sur la technologie Bluetooth et qui, comme l'assure le ministère de la Santé, est complètement anonyme et aucun des déplacements n'est enregistré.
Mais malgré ces propos rassurants, le doute subsiste. "C'est souvent la problématique avec les nouvelles technologies : on adhère à une promesse et six mois après on se rend compte que cette promesse n'a pas été complètement tenue sur le respect de la vie privée. C'est ce qui est très souvent arrivé", reconnaît Gérôme Billois qui se veut toutefois optimiste quant à la volonté du gouvernement de jouer la transparence. "L'enjeu, c'est que des autorités indépendantes comme la CNIL et des experts en cyber sécurité puissent analyser en détail ce qui va être construit pour voir s'il n'y a pas de loup, volontaire ou involontaire", analyse-t-il.
Un dispositif qui doit prendre fin à l'issue de la crise
Des précautions pour s'assurer que "tout reste bien au maximum sur le téléphone et qu'on ne traite pas une méga base de données à l'échelle nationale", poursuit l'expert en cybersécurité qui rappelle également la nécessité que ce dispositif se cantonne à la crise sanitaire et prenne fin une fois celle-ci résolue. Les données doivent également être effacées automatiquement au bout d'un certain nombre de jours décidés avec les experts sanitaires.
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Et pour contrôler tout ce processus, Gérôme Billois affirme que la CNIL pourra émettre des remarques ainsi que des avis contraignants en cas de besoin. De même, le règlement européen relatif à la protection des données à caractère personnel offre également un cadre légal à cette pratique. "C'est sûr que ça va attaquer une partie de notre vie privée. L'idée c'est d'en attaquer le moins possible et de trouver un équilibre", conclut-il.