C'est depuis une navette autonome que Matthieu Belliard présente son "grand journal du soir", jeudi sur Europe 1. L'occasion de s'interroger sur la place grandissante que vont prendre ces véhicules "sans conducteur" sur nos routes dans les années à venir. Mais aussi sur les questions éthiques que cela suppose.
Une voiture qui "ne boit pas et ne s'endort pas au volant"
Qui de la machine ou de l'homme est le plus fiable sur la route ? "Sans hésitation, la machine", répond Guillaume Devauchelle, directeur technique de l'équipementier automobile Valeo, au micro d'Europe 1. La voiture autonome "ne boit pas, ne s'endort pas au volant, etc", et est donc nettement moins susceptible de créer des accidents de la circulation.
Pourtant, le développement de ces véhicules suscite des réticences, notamment psychologiques, qu'il est important de déconstruire, selon les experts.
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Un véhicule "attentif 100% du temps"
Les ingénieurs travaillent sur différents scénarios pour parfaire la technologie. Dans un cas où la voiture autonome serait confrontée sur la route à l'arrivée rapide d'un groupe d'enfants, d'un sanglier ou d'un couple de seniors, qui doit-elle sauver ? "Tout l'art, c'est d'éviter la question", explique Guillaume Devauchelle. "Le véhicule autonome va prendre une dizaine ou une centaine de décisions par seconde. Le groupe d'écoliers n'est pas arrivé là en cinq secondes, il était là depuis un certain temps. Idem pour le sanglier", illustre-t-il.
Le véhicule autonome va avoir eu suffisamment de temps pour anticiper le problème éventuel, et prendre la décision qui permet d'épargner toutes les vies. "Il va beaucoup plus anticiper qu'un homme. Plus de 90% des accidents sont liés directement à une erreur humaine de perception ou de réaction", souligne le spécialiste. Le constat est partagé par Jérôme Fauchet, de l'entreprise Navya, spécialisée dans la construction de véhicules autonomes. "Le véhicule autonome est attentif 100% du temps, on va donc pouvoir s'éviter ce genre de situations."
"Ce qui est admis pour l'homme n'est pas admis pour la voiture autonome"
Pourtant, nombreux sont ceux qui gardent en mémoire les cas où un véhicule autonome a été impliqué dans un accident mortel. Le 19 mars 2018, dans l'Arizona, une femme de 49 ans a par exemple été tuée par un taxi sans conducteur d'Uber en phase d'essai. Guillaume Devauchelle regrette que "ce qui est admis pour l'homme n'est pas admis pour la voiture autonome." "L'homme fait plus d'un million de morts par an, mais un seul mort avec un véhicule autonome est jugé inadmissible", déplore-t-il, rappelant que le risque zéro est impossible, peu importe le cas de figure. "Tout l'enjeu est de rendre cela extrêmement peu probable."
"S'il y a accident - et il y en aura - il y a toujours l'assurance", rappelle de son côté Thierry Crahes, directeur Affinitaire et partenariats chez MMA. "Les victimes d'accidents de la circulation par navettes autonomes ont une garantie identique" à n'importe quel autre accident où serait impliqué un véhicule classique.