Des maillots ensanglantés et des slogans "Messi, ne joue pas !" lancés par des militants palestiniens devant le centre d'entraînement à Barcelone. La préparation au match amical de l’Argentine, prévu samedi à Jérusalem, a été mouvementée. Trop mouvementée, même. La fédération argentine a ainsi préféré annuler ce qui devait être le dernier match amical de l'Albiceleste avant la Coupe du monde en Russie, sur demande des joueurs et de l’entraîneur. Sportivement, c’est gênant pour une équipe qui n’arrive pas à convaincre.
Une qualification à l'arraché…
L'Argentine s'est qualifiée miraculeusement pour la Coupe du monde. La campagne de qualification pour la Russie a commencé par une défaite et deux nuls. L'Albiceleste a ensuite perdu face au Paraguay et la Bolivie et concédé un match nul contre le Venezuela. À la veille de la dernière journée, l'Argentine n'était donc pas qualifiée pour le Mondial. Mais grâce à un triplé de Messi en Équateur et au match nul de son concurrent direct, le Pérou, face à la Colombie, l'Argentine pouvait filer à Moscou.
Les hommes de Jorge Sampaoli entendaient alors profiter des matches amicaux de préparation pour se rassurer. En mars, sans Messi, l’Albiceleste l’emporte 2-0 face à une faible équipe d’Italie, non qualifiée pour le Mondial, mais s’incline ensuite lourdement 6-1 face à l’Espagne. Il y a huit jours, avec le quadruple Ballon d’or cette fois-ci, l’Argentine remporte sa confrontation face à Haïti 4-0. Mais ce n'était que Haïti, 108ème au classement Fifa. Les Ciel et Blanc disposent de quelques-uns des meilleurs joueurs du monde avec Messi, Higuain, Di Maria, Mascherano ou Lo Celso. Mais la mayonnaise a semble-t-il bien du mal à prendre pour créer une équipe forte, soudée et complémentaire. En résumé, capable d’aller gagner une Coupe du monde.
… et une drôle de préparation
Haïti, Israël : le choix des matches amicaux retenus par l'Argentine interroge. À tel point que le sélectionneur Jorge Sampaoli a déclaré après le match contre Haïti : "Ce n’est pas moi qui décide quand on joue et contre qui." Jouer face à Israël, au-delà de la polémique politique, représente-t-il un grand intérêt sportif pour l'Albiceleste ? C'est discutable. En tout cas, il représentait un intérêt économique. Ce match était organisé par la société privée Comtec, déjà impliquée dans la venue du grand départ du Giro à Jérusalem. Elle devait verser à la fédération argentine un cachet de 2 à 3 millions de dollars (1,7 à 2,5 millions d'euros), selon si Messi jouait ou pas. Le ministère des Sports israélien a même avoué avoir payé la fédération près de 600.000 euros pour délocaliser le match de Tel Aviv à Jérusalem.
Cette affaire peut être à double tranchant pour les Argentins. Les joueurs ont eu peur, comme l'a sous-entendu le ministre argentin des Affaires étrangères. "La campagne qui est devenue virale dans les médias, de menaces aux joueurs, de maillots avec du sang, de menaces à des proches" a pesé dans la balance pour l'annulation de ce match, a-t-il déclaré. Mais cette annulation peut aussi avoir un impact positif. Principal visé par les slogans, le capitaine Lionel Messi pourrait capitaliser sur cet événement pour souder l'équipe. Gonzalo Higuain a même ajouté que ses coéquipiers et lui étaient d'accord sur le fait que "le mieux était de ne pas y aller (à Jérusalem)". Il reste désormais dix jours à l'Argentine pour se préparer et essayer de remporter sa troisième Coupe du monde, un trophée qu’elle n'a plus remporté depuis 1986.