Les Bleus ont rendez-vous avec Messi. L’équipe de France affronte l’Argentine en huitièmes de finale de la Coupe du monde, samedi à 17h, à Kazan. Un premier match à élimination directe pour lequel les hommes de Didier Deschamps n’ont pas le droit à l’erreur. Et l’erreur a de fortes chances de s’appeler Lionel Messi. Même dans une faible équipe d’Argentine, le petit génie reste une terrible menace. Mais en s’appuyant sur les premiers matches de l’Albiceleste et sur leurs connaissances personnelles de Messi, les joueurs de l’équipe de France peuvent envisager de neutraliser l’arme fatale des Argentins.
L’asphyxier comme l’Islande
En étant un brin caricatural, on pourrait résumer le plan de jeu de l’Argentine comme ceci : passer la balle à Messi et prier pour que la magie opère. Après Mascherano, le poumon du milieu de terrain, la "Pulga" est le joueur argentin qui touche le plus de ballons. Cette tactique simple, et même simpliste, s’est heurtée de plein fouet à la défense islandaise lors du premier match (1-1). Les "Stakarnir okkar", comme on les surnomme ("nos gars" en VF), ont asphyxié Messi, n’hésitant pas à monter à trois sur lui pour couper tous les espaces. Résultat, malgré ses 116 ballons touchés dans toute la largeur du terrain et onze tirs, le petit génie argentin n’a jamais été dangereux.
Mais rien ne dit que ce qui a réussi aux Islandais marchera pour les Français. En effet, contre l’Islande, Messi évoluait au cœur du jeu, dans un 4-2-3-1 construit autour de lui. Un poste axial qu’il n’a pas retrouvé depuis puisqu’il évoluait sur l’aile droite contre la Croatie et en pointe avec Higuain contre le Nigeria. Deux postes différents qui ne sont que des indicateurs. En réalité, Messi a surtout joué sur l’aile droite face aux Super Eagles, comme le montre sa "heatmap" composée des zones où il a touché le ballon. Surveiller Messi requiert donc une capacité d’adaptation accrue de la part des défenseurs.
La heatmap de Messi hier laisse peu de place au doute. On verra Matuidi samedi. via @WhoScoredpic.twitter.com/NZ3MwEsrcr
— Cédric Chapuis (@cedchapuis) 27 juin 2018
Presser comme les Croates
49 : contre la Croatie, Messi n’a touché que 49 petits ballons. Une misère quand on connaît le rendement de la star du FC Barcelone. Mais ses coéquipiers n’ont guère fait mieux, l’équipe d’Argentine dans son ensemble ayant été privée de ballons par la Croatie. Les Vatreni ont joué haut pour couper les passes et empêcher les Argentins de servir Messi. Résultat, la "Pulga" a dû redoubler d’efforts pour descendre chercher la balle et ainsi se fatiguer plus vite. Il n’a tenté qu’un tir (non cadré) et n’a pu que constater les dégats quand la Croatie a démarré son festival (3-0 score final). "La réalité de l'équipe argentine assombrit l'éclat de Messi. Il est limité car l'équipe ne prend pas forme avec lui comme elle le devrait", a plaidé Jorge Sampaoli après cette défaite. "Nous n'avons pas trouvé la meilleure équipe pour l'accompagner."
Cette triste réalité a bien failli se reproduire contre le Nigeria. Certes, Messi a marqué un but splendide. Mais derrière, le maître à jouer de l’Albiceleste a subi, comme ses coéquipiers, l’agressivité des Super Eagles. Il n’a tiré qu’une fois de plus sur l’ensemble du match et n’est pas impliqué sur le but libérateur de Marcos Rojo en toute fin de rencontre. Monter pour couper les passes et isoler Messi : la solution était risquée mais les Nigérians ont failli réussir leur pari.
Messi connaît les Bleus et les Bleus connaissent Messi
Le capitaine de l'Argentine connaît ses futurs adversaires, comme il l'a dit mardi soir : "On a regardé tous les matches de la France. C’est une très bonne équipe, avec de bonnes individualités. Ils ont des bons défenseurs, de bons milieux et de bons attaquants. Ils ont des joueurs très rapides qui peuvent faire la différence, des coéquipiers devant (au Barça, Ousmane Dembélé) et derrière (Samuel Umtiti). Ce sera difficile".
Plusieurs affrontements cette saison. Finalement, l’avantage des Français contre l’Argentine est peut-être que Messi joue à Barcelone, dans un club et un championnat bien connu des joueurs de l’équipe de France. A ce petit jeu, Samuel Umtiti est le mieux placé pour savoir comment défendre sur Lionel Messi : c’est son quotidien à l’entraînement au Barça. Ousmane Dembélé, arrivé en Catalogne en 2017, a évolué à plusieurs reprises cette saison aux côtés de l’Argentin et peut également expliquer à ses coéquipiers comment il attaque.
Et puis il y a les joueurs qui sont habitués à croiser le fer avec Leo Messi. Antoine Griezmann, Lucas Hernandez (Atlético de Madrid), Raphaël Varane (Real Madrid) et Steven Nzonzi (FC Séville) ont tous joué contre le Barça de Messi cette année, avec plus ou moins de réussites. Tous ont étudié le jeu de la "Pulga" à la vidéo. Enfin, comment ne pas citer la performance XXL de Presnel Kimpembe en huitièmes de finale de la Ligue des champions 2017. A 21 ans et pour son tout premier match européen, le défenseur du PSG avait totalement éteint Messi (victoire de Paris 4-0). Kimpembe ne devrait pas débuter samedi mais nul doute que ses copains de l’équipe de France lui auront demandé conseil.
Messi et les autres
Attention toutefois à ne pas se focaliser uniquement sur la "Pulga". Messi n’est directement impliqué que sur un des trois buts de l’Argentine dans cette Coupe du monde : celui qu’il marque contre le Nigeria. Et même si l’Albiceleste connaît de sérieuses difficultés dans le jeu, son armada offensive n’en reste pas moins impressionnante : Higuain, Agüero, Di Maria et Dybala (même si l’attaquant de la Juve n’entre pas dans les plans de Sampaoli) sont tous de redoutables buteurs : ils ont tous les quatre inscrit plus de 20 buts cette saison en club.