Le lac Léman deviendra-t-il agréable à la baignade ? La première réserve d’eau douce d'Europe occidentale d’origine glaciaire est lourdement impactée par le réchauffement climatique, selon une étude de la Commission internationale pour la protection des eaux du Léman (CIPEL). Dans son rapport, les experts indiquent que les températures du lac franco-suisse augmentent quatre à cinq fois plus vite que celles des océans. En 2022, les eaux à la surface du Léman affichaient une température de 13,6 degrés de moyenne. Le thermomètre n’avait pas affiché de tels chiffres depuis 1990.
Une situation due à la multiplication des hivers doux dans la région qui empêchent les eaux de la surface, en partie alimentées par la fonte des glaciers, de se mélanger à celles plus froides des profondeurs. De plus, la période hivernale est le seul moment de l’année où la surface et le fond peuvent se mélanger sous l’effet du froid et du vent. "Ce phénomène, appelé 'brassage hivernal', est caractérisé par la profondeur de brassage qui sépare la couche de surface mélangée et la couche du fond qui ne s’est pas assimilée avec les eaux de surface. Plus l’hiver est rigoureux, plus la profondeur de brassage se rapproche du fond du lac" indique le CIPEL.
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Un réchauffement aux conséquences multiples
La répétition de brassages incomplets ces dix dernières années a entraîné une augmentation de la température au fond du lac (+1,1 °C depuis 2012) ainsi qu’une diminution de la teneur en oxygène. "Le réchauffement du fond du lac et sa désoxygénation représentent un risque d’asphyxie pour les organismes vivants en profondeur", alerte la commission. Historiquement, la plus grande étendue d’eau douce d’Europe occidentale est un formidable domaine de biodiversité. L’augmentation des températures provoque la baisse de la nourriture pour la faune locale qui a du mal à se reproduire par la suite.
La détérioration de la qualité de l’eau n’est pas préjudiciable seulement pour la faune. En effet, les eaux du lac abreuvent des Français et des Suisses. Le réchauffement climatique permet la prolifération massive d’algues et de bactéries. Une augmentation rendant le traitement de l’eau plus coûteux est nécessaire pour rendre l’eau propre à la consommation.
Une tendance qui devrait continuer
Considéré comme l’un des joyaux des Alpes, le lac Léman est aussi victime de sa localisation. En 2023, l’ONU avait tiré la sonnette d’alarme concernant le dérèglement climatique dans la chaîne de montagnes. Selon l’organisation, les glaciers de la région fondent à une vitesse spectaculaire, car les Alpes se réchauffent deux fois plus vite que le reste de la planète. Une tendance qui devrait continuer jusqu’en 2060, selon les experts des Nations unies. Une perspective peu encourageante pour les amoureux du Léman.