Affaire Adèle Haenel : procès requis contre Christophe Ruggia pour agressions sexuelles sur mineure

© EDOUARD MONFRAIS / HANS LUCAS / HANS LUCAS VIA AFP // Paul-Louis Godier / AFP
  • Copié
avec AFP , modifié à
Le parquet de Paris a requis un procès contre le réalisateur Christophe Ruggia pour agressions sexuelles aggravées sur l'artiste Adèle Haenel quand elle était jeune adolescente, a appris l'AFP de sources proches du dossier jeudi, confirmant une information de RMC.

"Nous ne souhaitons pas faire de commentaire", ont réagi Mes Fanny Colin et Orly Rezlan, avocates du réalisateur jointes par l'AFP, au sujet de ce développement concernant le dossier qui avait provoqué un séisme en 2019 dans le cinéma français, resté jusque-là imperméable au mouvement #MeToo.

"Après avoir été bouleversée par le récit de Judith Godrèche", qui a déposé plainte mardi et obtenu l'ouverture d'une enquête préliminaire visant les réalisateurs Benoît Jacquot et Jacques Doillon, "j'ai pris connaissance aujourd'hui même du réquisitoire de la procureure demandant le renvoi de Christophe Ruggia" en procès, a indiqué Adele Haenel dans une déclaration à Mediapart.

Deux circonstances aggravantes retenues par le parquet

"De lire dans ce réquisitoire que les faits sont suffisamment caractérisés, corroborés par des témoignages et que mes déclarations sont constantes, précises et crues me touche beaucoup. C'est une étape du processus judiciaire mais, à l'évidence, elle est importante", a ajouté l'actrice.

Les avocats de l'actrice, Mes Yann Le Bras et Anouck Michelin, n'ont pas commenté. Selon ces sources proches du dossier, deux circonstances aggravantes sont retenues par le parquet : la minorité d'Adèle Haenel au moment des faits reprochés, à partir de ses 12 ans, et la position d'autorité de Christophe Ruggia, qui est le premier réalisateur à l'avoir fait tourner dans le film "Les Diables" (2002).

Un "harcèlement sexuel permanent", des "attouchements" répétés et des "baisers forcés dans le cou"

Alors âgé de 36 à 39 ans, il l'a reçue tous les samedis après-midis pendant près de trois ans, de septembre 2001 à février 2004. Dans une longue enquête et interview à Mediapart, qui avait révélé l'affaire, l'actrice avait dénoncé l'"emprise" du réalisateur, peu connu du grand public, pendant la préparation et le tournage du film.

 

Puis un "harcèlement sexuel permanent", des "attouchements" répétés et des "baisers forcés dans le cou", qui auraient eu lieu chez lui et lors de plusieurs festivals internationaux. Refusant dans un premier temps de saisir la justice, Adèle Haenel avait finalement porté plainte quelques jours après l'ouverture d'une enquête préliminaire par le parquet de Paris le 6 novembre 2019.

Christophe Ruggia avait été mis en examen le 16 janvier 2020 pour "agressions sexuelles sur mineur de 15 ans par personne ayant autorité sur la victime", et placé sous contrôle judiciaire.