La militante palestinienne Mariam Abou Daqqa a été interpellée tard mercredi soir à Paris, quelques heures après la validation de son expulsion par le Conseil d'Etat, a appris l'AFP de sources policières et auprès de son avocate. La militante a été arrêtée dans le XIIIe arrondissement et placée sous le régime de la "retenue administrative", a précisé à l'AFP son avocate, Julie Gonidec. Mariam Abou Daqqa va maintenant être assignée à résidence ou placée en centre de rétention, a précisé l'avocate. "Et on contestera", a-t-elle ajouté.
Selon Me Gonidec, Mariam Abou Daqqa avait un "billet (retour) réservé pour le 11" novembre pour se rendre en Egypte. Elle devait ensuite "regagner son domicile et sa famille à Gaza", a ajouté le Nouveau parti anticapitaliste (NPA) dans un communiqué, dénonçant un "acharnement" de l'Etat français.
"D'une extrême violence"
Une cinquantaine de personnes se sont réunies jeudi soir près de la Préfecture de police à Paris pour réclamer la libération de Mariam Abou Daqqa, dénonçant également les conditions de son interpellation, peu après sa participation à une soirée-débat dans un cinéma parisien. Selon des militantes présentes avec elle, des policiers sans signe distinctif l'ont interpellée sans ménagement alors qu'elle regagnait le domicile où elle était logée.
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"Ils se sont mis à quatre ou cinq sur Mariam. Ils l'ont levée comme un sac de patates, ils l'ont emmenée par les poignets et les pieds et l'ont jetée à l'arrière d'une voiture", a affirmé une de ces militantes, Sarah Katz, disant avoir été bousculée dans l'opération. "C'était d'une extrême violence, j'ai cru que c'était une agression. On était extrêmement inquiètes", a pour sa part assuré Marie-France Cohen Solal, de l'Association France Palestine Solidarité (AFPS), dénonçant "un irrespect complet de la personne humaine qu'est Mariam Abou Daqqa".
Plainte pour violences en réunion par personnes dépositaires de l'autorité publique
Une plainte pour violences en réunion par personnes dépositaires de l'autorité publique a été déposée au commissariat du XIIIe arrondissement, ont-elles précisé. "Son arrestation ne peut être légitimée par aucun motif lié à l'ordre public et la violence dont ont fait preuve les policiers contre cette femme de 72 ans lors de son arrestation est inacceptable", a dénoncé dans un communiqué le groupe communiste à l'Assemblée.
Le Conseil d'Etat avait donné son feu vert mercredi à l'expulsion de la militante du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), une organisation de gauche radicale qualifiée de "terroriste" par Israël et l'Union européenne. La plus haute juridiction administrative française a infirmé une décision du tribunal administratif de Paris, qui avait suspendu l'arrêté d'expulsion pris par le ministère de l'Intérieur à son encontre.
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Mariam Abou Daqqa, 72 ans, avait obtenu début août, au consulat français de Jérusalem, un visa de 50 jours pour la France, où elle devait participer à diverses conférences sur le conflit israélo-palestinien. Arrivée en septembre, elle a donné deux conférences malgré l'interdiction qui les frappait et manifesté pour la libération du militant du FPLP Georges Ibrahim Abdallah, condamné à la perpétuité en 1987 pour l'assassinat de diplomates américain et israélien.