Trois hommes suspectés d'avoir créé un groupe de "chasseurs de pédophiles" sur la messagerie Telegram, en incitant ses membres à agresser des personnes présentées comme de possibles pédophiles, ont été interpellés, ont indiqué vendredi à l'AFP plusieurs sources proches du dossier. Les trois suspects sont présentés cette semaine devant la Jirs (Juridiction interrégionale spécialisée) de Nancy en vue de leur mise en examen, selon ces sources qui confirment des informations du journal l'Est Républicain. Contactée par l'AFP, la Jirs de Nancy n'a pas souhaité communiquer sur ce dossier.
"Hameçonner" des hommes majeurs à travers l'image de filles mineures
Un homme de 21 ans domicilié dans le Doubs, "se présentant comme un justicier", a conçu avec les deux autres suspects établis dans l'Isère et l'Allier "ce qu'il appelle +La ligue anti-pédo+, un groupe accessible sur Telegram", a indiqué à l'AFP une source proche du dossier. Les trois hommes sont suspectés d'avoir incité les membres du groupe à se faire passer pour des jeunes filles mineures sur les réseaux sociaux pour "hameçonner" des hommes majeurs, alors présentés comme de possibles pédophiles, avant de leurs tendre un guet-apens, pour les humilier et filmer l'agression, précise la même source. Les vidéos étaient ensuite diffusées sur le groupe Telegram.
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Des guet-apens violents
Les suspects ont établi un mode opératoire précis, mettant à disposition du groupe des photos de jeunes mineures pour attirer les internautes. "Une femme était même en capacité d'appeler les personnes hameçonnées pour se faire passer pour les jeunes mineures", ajoute-t-on. L'administrateur du groupe Telegram est également suspecté d'avoir agressé un jeune homme de 22 ans, habitant lui aussi dans le Doubs. Ce dernier s'est présenté en octobre auprès des forces de l'ordre en racontant s'être rendu à un rendez-vous qu'il pensait avoir fixé avec une adolescente de 14 ans, rencontrée sur les réseaux sociaux.
Mais en lieu et place de la jeune fille, deux hommes l'attendaient. Il a indiqué aux policiers "avoir été enlevé, amené dans un bois et soumis à des actes de violences très sévères", d'après la source proche du dossier. Ses agresseurs lui ont ensuite pris sa carte bancaire et ses codes. Déshabillé, roué de coups, il est "promené comme un chien au bout d'une laisse, obligé de laper le sol", poursuit-on, "il a subi une scène de très grande humiliation".
L'enquête pour association de malfaiteurs a été confiée à la section de recherches de la gendarmerie de Strasbourg. Les investigations se poursuivent pour identifier de potentielles autres victimes et auteurs d'agressions.