Cinq hommes suspectés d'avoir incendié l'imposante porte en bois de l'hôtel de ville de Bordeaux il y a un an durant le conflit sur les retraites, à quelques jours d'une visite du roi d'Angleterre finalement reportée, comparaissent lundi devant la justice.
L'ensemble des prévenus, âgés de 19 à 41 ans, sont poursuivis devant le tribunal correctionnel pour "participation à un groupement formé en vue de la préparation de violences" ; trois d'entre eux doivent répondre aussi de "dégradation ou détérioration" de biens "par un moyen dangereux". Un sixième suspect, âgé de 17 ans au moment des faits, a été renvoyé devant le tribunal pour enfants pour "dégradation".
La porte du porche de la mairie girondine avait été incendiée le 23 mars 2023 au soir après une journée de manifestation contre la réforme des retraites émaillée de débordements. Et ce quelques jours avant une visite prévue en France, avec un passage par Bordeaux, du roi Charles III d'Angleterre, dont le report avait été annoncé le lendemain des faits.
Quatre des suspects déjà condamnés
Selon les enquêteurs, les suspects ont été identifiés via des images de témoins et de vidéosurveillance. Ils faisaient partie d'un groupe qui, quelques heures après la fin de la manifestation officielle, entassait poubelles, palettes et barrières métalliques devant l'entrée de la mairie, avant d'y mettre le feu et de l'attiser avec d'autres objets.
Quatre des suspects ont déjà été condamnés pour des faits de violences, dégradations, vols ou atteintes aux biens et autant présentent une addiction à l'alcool et au cannabis, d'après l'accusation. Trois étaient sans emploi, dont deux présentés comme SDF, au moment des faits. "Est-ce qu'il y a eu un mot d'ordre général ? Est-ce que c'est un acte isolé ? Qui a allumé la première mèche ? L'instruction ne permet pas de répondre à ces questions", critique Me Étienne Bouchareissas, avocat d'un prévenu de 37 ans, sans domicile fixe.
Le sinistre, dont les images de flammes de plusieurs mètres de hauteur avaient largement circulé, avait duré un quart d'heure avant d'être éteint par les pompiers. La mairie, qui s'est constituée partie civile, a évalué à 600.000 euros le préjudice matériel de l'édifice - le palais Rohan - classé aux monuments historiques.
Une reconstruction "à l'identique" de cet ouvrage en bois massif datant de plusieurs siècles est prévue pour l'automne. La porte incendiée avait été démontée par sécurité en juin, remplacée par une provisoire.