Jonathan Boillet, qui avait brûlé vive sa compagne en 2020, a été condamné à 30 ans de réclusion criminelle dont une peine de sûreté de 20 ans, vendredi par la cour d'Assises du Pas-de-Calais. La victime, Sandy Cucheval, 33 ans, avait été aspergée d'essence puis brûlée vive dans la voiture qu'occupait le couple. La peine prononcée est conforme aux réquisitions du ministère public, tout comme le suivi socio-judiciaire auquel sera soumis Jonathan Boillet pendant dix ans à l'issue de son incarcération.
"Tu m'appartiens, tu ne pourras jamais me quitter. Le jour où tu me quittes, je te crève", avait menacé Jonathan Boillet quelques jours avant de brûler vive Sandy Cucheval, a rappelé vendredi l'avocat général lors de ses réquisitions dans le procès de ce dernier. L'homme de 36 ans était accusé d'avoir aspergé d'essence sa compagne puis de l'avoir brûlée vive.
"Jonathan Boillet est coupable du meurtre de Sandy Cucheval"
"Il n'y a pas d'autre explication, il a donné volontairement la mort à Sandy Cucheval", a estimé le ministère public, réclamant également que Jonathan Boillet soit, à l'issue de son incarcération, soumis pendant dix ans à une obligation de soins pour lutter contre ses addictions à l'alcool et au cannabis. L'accusé, qui avait maintenu la thèse de l'accident jusqu'au procès ouvert mardi devant les Assises du Pas-de-Calais, a fini par avouer jeudi que les preuves l'accablaient, tout en assurant n'avoir aucun souvenir.
"Je fais un pas de côté (...) Je le dis : Jonathan Boillet est coupable du meurtre de Sandy Cucheval, que les choses soient dites", a reconnu vendredi l'avocate de l'accusé, Anne-Céline Lemonnier. "Je voudrais m'excuser, mais si mes excuses ne sont pas acceptables pour la famille, je comprends très bien", a simplement déclaré, des sanglots dans la voix, Jonathan Boillet avant que la cour ne se retire pour délibérer.
Jonathan Boillet est jugé pour le meurtre de Sandy Cucheval brûlée vive dans sa voiture le 10 novembre 2020 et décédée une semaine plus tard à l'hôpital de Lille, à 33 ans. Déjà condamné à huit reprises par le passé, dont quatre fois pour des violences sur une précédente compagne, la mère de ses enfants, l'homme était sorti de prison le 29 juin 2020. Il faisait l'objet d'un suivi socio-judiciaire au moment des faits, une "main tendue" qu'il n'a pas saisie, a souligné l'avocat général.
Un féminicide "unique dans sa monstruosité"
"Pour les 'féminicides' et plus particulièrement pour celui-là, assez unique dans sa monstruosité, la peine doit être à la hauteur de la souffrance des victimes", espère l'avocate de la fille et de l'ex-belle-mère de Sandy Cucheval, Nathalie Tomasini. Auprès de Jonathan Boillet, avec qui elle était en couple depuis trois mois au moment de sa mort, Sandy Cucheval était "enfermée", pointe Cherifa Benmouffok, avocate de sa mère. Il avait également menacé de la brûler avec ses enfants.
Au dernier jour de procès, une série de photos de la victime a diffusée, notamment en compagnie de ses enfants et toujours souriante. Puis un cliché présenté par Me Nathalie Tomasini, montre la victime, le visage entièrement calciné, la peau cloquée et roussie, le crâne sans cheveux. Sidération et sanglots envahissent les bancs de la famille. Jonathan Boillet, lui, baisse les yeux.
Il refuse d'admettre avoir volontairement allumé le feu
Mais il n'infléchit pas sa position, maintenant que l'alcool consommé tout au long de la journée du 10 novembre 2020 -bières et vodka- l'a mené à un "blackout" dont il ne s'est réveillé que quand la voiture a pris feu. Certes, "c'est bien moi qui l'ai arrosée d'essence, on ne peut pas dire le contraire", a-t-il reconnu jeudi, acculé par des expertises accablantes. Mais il refuse d'admettre avoir allumé volontairement le feu et avoir voulu la tuer.
Cet alcoolisme, ainsi que ses dépendances à diverses drogues, est lié selon lui à des viols subis alors qu'il était enfant, commis par un oncle. Des sévices qu'il "porte en bandoulière, comme un totem d'immunité", accuse Nathalie Tomasini. "Vous avez tué madame Cucheval, vous la tuez une deuxième fois en n'offrant pas aux victimes cette vérité dont elles ont tant besoin", assène Alexandre Braud, avocat de deux enfants de la victime.
En moyenne, un homicide concernant une femme survient tous les trois jours en France. Le ministère de la Justice a dénombré 94 féminicides en 2023. "Tu m'appartiens, tu ne pourras jamais me quitter. Le jour où tu me quittes, je te crève", avait-il menacé Sandy Cucheval quelques jours avant les faits, a rappelé l'avocat général lors de ses réquisitions.