La France en alerte après la mort d'un enseignant dans un attentat islamiste

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La France s'est réveillée samedi en alerte attentat, au lendemain du meurtre d'un professeur de français devant un collège-lycée d'Arras. © DENIS CHARLET / AFP
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avec AFP , modifié à
La France s'est réveillée samedi en alerte attentat, au lendemain du meurtre d'un professeur de français devant un collège-lycée d'Arras, poignardé à mort par un jeune homme fiché pour radicalisation, un acte qualifié de "terrorisme islamiste" par Emmanuel Macron. Dix personnes, dont l'assaillant, ont été placées en garde à vue samedi matin.

La France est passée vendredi en alerte "urgence attentat" après l'attaque islamiste dans un collège-lycée d'Arras, où un enseignant a été poignardé à mort et trois autres personnes blessées par un jeune homme fiché S. Cette attaque intervient alors que sera commémoré lundi l'assassinat de Samuel Paty, enseignant d'histoire-géographie décapité le 16 octobre 2020 pour avoir montré des caricatures de Mahomet lors de cours sur la liberté d'expression. Elle survient en outre dans une "atmosphère extrêmement négative" en raison du conflit entre Israël et le Hamas, a souligné le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, affirmant qu'il existait un "lien entre ce qu'il s'est passé sans doute dans le Proche-Orient et le passage à l'acte" de l'assaillant.

Le niveau le plus élevé du dispositif

La Première ministre Elisabeth Borne "a décidé de rehausser la posture Vigipirate au niveau urgence attentat", le plus élevé de ce dispositif de sécurité, qui permet la mobilisation exceptionnelle de moyens, a indiqué Matignon vendredi soir. "Quelques milliers" de militaires supplémentaires vont être mobilisés pour "surveiller les centres commerciaux, pour protéger tous les Français", a précisé M. Darmanin.

Le proviseur de la cité scolaire Gambetta, dans le centre d'Arras, a décidé de rouvrir l'établissement samedi pour les élèves et les enseignants "qui le souhaitent", selon le président Emmanuel Macron, qui s'est rendu sur place vendredi. Le ministre de l'Education Gabriel Attal, qui a annoncé le déploiement de 1.000 personnels de sécurité dans les établissements scolaires, a indiqué qu'il se rendrait à Arras samedi. Il doit également réunir les recteurs et des parlementaires. Dans toute la France, 500 établissements seront ouverts samedi, et un "moment d'union et de recueillement" est prévu lundi, a indiqué M. Attal. Une minute de silence a été observée vendredi avant le coup d'envoi du match Pays-Bas - France.

Dix personnes placées en garde à vue

Dix personnes ont été placées en garde à vue samedi matin, dont l'assaillant et deux de ses frères, a indiqué une source policière. Parmi les personnes en garde vue figurent plusieurs membres de la famille de l'assaillant : sa soeur, sa mère, son oncle et deux de ses frères, dont l'un a été extrait de la cellule où il est détenu pour "association de malfaiteurs terroristes". Deux Biélorusses "avec qui l'assaillant était lors de son contrôle par la police la veille des faits" font aussi partis des gardés à vue, a précisé une autre source policière, "mais rien ne dit qu'ils soient mêlés" aux faits.

L'assaillant est passé à l'acte au moment de l'intercours à 11h vendredi. La victime décédée, Dominique Bernard, enseignant de français au collège, "s'est interposé d'abord, et a sans doute sauvé lui-même beaucoup de vies", a souligné Emmanuel Macron, appelant les Français à "faire bloc" face à "la barbarie du terrorisme islamiste". Originaire d'Arras, père de trois grandes filles et marié à une enseignante, ce professeur agrégé de lettres modernes de 57 ans était "apprécié de ses élèves et de ses collègues", selon les témoignages recueillis. Il a été tué devant l'établissement, où un autre enseignant a également été blessé, a indiqué vendredi soir le procureur antiterroriste Jean-François Ricard, chargé de l'enquête.

L'assaillant suivi par la DGSI

L'assaillant, Mohammed Mogouchkov, fiché S et qui faisait l'objet d'un suivi récent de la part de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) a ensuite circulé dans le collège-lycée. Il s'en est pris à "un agent technique qu'il a blessé de plusieurs coups de couteau, et un agent d'entretien qui a également été blessé," a précisé M. Ricard.

L'attaque met le gouvernement sous pression, la droite exhortant à instaurer "l'État d'urgence", tandis que l'extrême droite pointe des "failles" et appelle à la démission du ministre de l'Intérieur.

Mohammed Mogouchkov, âgé d'une vingtaine d'années, était sous écoute, et la DGSI l'a interpellé la veille des faits "pour vérifier s'il n'avait pas d'arme sur lui" et pour "regarder son téléphone et notamment les messageries cryptées", a indiqué Gérald Darmanin. Né, selon l'administration française, dans la république russe à majorité musulmane d'Ingouchie, il est, selon une source policière de nationalité russe, arrivé en France en 2008. Son père, également fiché S, a été expulsé en 2018 selon M. Darmanin, mais lui ne pouvait légalement l'être, car il est entré en France avant l'âge de 13 ans.