Le narcotrafiquant Mohamed Amra sera remis par la Roumanie à la France dans les 30 jours

Arrêté samedi en Roumanie après 9 mois de cavale, le narcotrafiquant Mohamed Amra sera extradé vers la France dans les 30 jours. Il était en fuite depuis son évasion en mai 2024, lors de laquelle deux agents pénitentiaires avaient été tués dans l'attaque de leur fourgon dans l'Eure.
Fin de partie pour Mohamed Amra et ses complices ? Le narcotrafiquant le plus recherché de France depuis son évasion sanglante en mai 2024 a accepté dimanche sa remise aux autorités françaises, a annoncé son avocate. Dix personnes de son entourage étant parallèlement arrêtées dans divers lieux.
La procédure pénale de chaque pays s'applique
Arrêté la veille en Roumanie après neuf mois de traque, Mohamed Amra, apparu menotté et en veste de sport noire, a été présenté à une juge à Bucarest. Il "ne reconnaît pas les faits commis, mais souhaite respecter la décision des autorités françaises qui veulent le juger", a déclaré son avocate Maria Marcu à la sortie de l'audience.
Dans le cadre de mandats européens, la procédure pénale de chaque pays s'applique. Le suspect est présenté à un juge local et a la possibilité de faire un recours. Dans ce cas, Mohamed Amra a accepté sa remise. S'ouvre donc un temps d'échange entre les États sur les conditions du transfert, pour qu'il soit réalisé en toute sécurité.
Dans la foulée de son interpellation, dix personnes de son entourage ont été arrêtées "samedi puis dans la nuit", a indiqué la procureure de Paris, Laure Beccuau. Elles "sont suspectées d'avoir participé à la préparation, à l'exécution de l'évasion, mais également d'avoir favorisé la dissimulation du fugitif".
La magistrate n'a pas précisé le lieu des arrestations. Selon une source policière, il y a notamment eu "des interpellations samedi et dimanche à Rouen et Évreux". "Des armes ont été trouvées lors des perquisitions", a précisé cette source.
"Dangerosité"
Le 14 mai 2024, le détenu multirécidiviste Mohamed Amra, surnommé "La Mouche", a été extrait de sa cellule pour être amené à un juge d'instruction qui devait l'interroger. Un commando en a profité pour attaquer, à la voiture-bélier et aux fusils d'assaut, le fourgon pénitentiaire pour le libérer. Dans l'attaque, qui a eu lieu au péage d'Incarville (Eure), deux agents pénitentiaires ont été tués et trois ont été blessés.
La France a découvert alors l'existence de Mohamed Amra : adolescent voyou, condamné pour la première fois à 13 ans pour vols aggravés et qui a progressivement "dérivé vers la violence", d'après un rapport de l'Inspection générale de la justice (IGJ) rendu en juillet 2024, pour rejoindre la grande criminalité organisée.
Sa "dangerosité grandissante" n'a pas été évaluée à sa juste mesure alors qu'il est soupçonné d'avoir poursuivi "ses activités de trafic de produits stupéfiants en ayant recours à la plus grande violence" depuis la prison.
Son arrestation, saluée par le gouvernement français, a été permise grâce à "la transversalité des services et la convergence des spécialités des enquêteurs, comme des magistrats" qui "ont été les leviers de la conduite des opérations", a souligné Laure Beccuau.
"Empreintes digitales"
Les policiers roumains, mis en alerte par les enquêteurs français du départ à l'étranger de Mohamed Amra, l'ont "repéré" et arrêté "vers 15H00 près d'un centre commercial" samedi à Bucarest.
Ils l'ont ensuite remis à la police roumaine chargée de la criminalité organisée. "En dépit du changement de coloration de ses cheveux, l'identification de l'intéressé est confirmée par une reconnaissance faciale et la comparaison d'empreintes digitales", a confirmé la procureure.
Le garde des Sceaux, Gérald Darmanin, a publié dimanche sur son compte X une lettre adressée aux agents pénitentiaires, leur promettant des améliorations dans leurs conditions de travail, notamment par la mise en place d'une prison "de haute sécurité" et d'une "police pénitentiaire".
Cette prison destinée à mettre à l'isolement total les "100 plus gros narcotrafiquants" doit voir le jour d'ici au 31 juillet. Le ministre souhaite également la création d'un régime de détention exceptionnel, "inspiré des lois italiennes anti-mafia", pour "les détenus les plus dangereux, afin que jamais plus une affaire Amra ne soit possible", a-t-il rappelé dans sa lettre.
"Vous êtes une force essentielle à la paix et à la sécurité de notre pays", a-t-il aussi écrit, redisant sa "reconnaissance" pour leur "engagement quotidien" malgré la "surpopulation carcérale", les "moyens insuffisants", les "locaux vétustes" et le "besoin constant d'équipements et d'armement adaptés aux risques".
Samedi, les familles des deux agents tués, Arnaud Garcia et Fabrice Moello, ont réagi auprès de l'AFP, par la voix de leurs avocats, à l'arrestation de Mohamed Amra, évoquant toutes deux un "soulagement".