Le YouTubeur d'extrême droite Papacito a été condamné vendredi à Paris à 5.000 euros d'amende pour injures homophobes et incitation à la violence contre un maire d'un petit village du Sud-Ouest, qui avait dû être placé sous protection policière.
Le vidéaste de 38 ans, Ugo Jil-Gimenez de son vrai nom, devra également verser 4.000 euros de dommages et intérêts à Christian Eurgal, le maire de Montjoi, un village de moins de 200 habitants dans le Tarn-et-Garonne, a décidé le tribunal correctionnel. Il devra par ailleurs verser 1.000 euros de dommages et intérêts à chacune des trois associations de lutte contre l'homophobie dont la constitution de partie civile a été acceptée par le tribunal.
Des accusations de corruption contre le maire
Le vidéaste était mis en cause pour deux longues vidéos, mises en ligne en novembre 2022 puis en mai 2023, dans lesquelles il prenait parti dans un conflit de voisinage à Montjoi, à propos d'un chemin d'accès à une ferme. Papacito, dont la chaîne YouTube a depuis été fermée, s'y affichait en fervent soutien de l'un des protagonistes, un éleveur de porcs. Et il accusait le maire de s'être laissé corrompre par l'autre partie au conflit, un "Lord" britannique.
Le tribunal, qui lors du procès le 28 février a visionné de longs extraits des deux vidéos incriminées, a relaxé le vidéaste pour la première, mais l'a condamné pour la seconde. On y entend Papacito fustiger un arrêté municipal qu'il assimile à un "polycopié de pédé", usant selon lui d'un "champ lexical de tarlouze", et expliquer que les "déviants" doivent être "exécutés" - des propos dans lesquels le parquet a vu des insultes homophobes.
Dans ce dossier, le vidéaste a "bel et bien franchi la ligne jaune", et "contribué" à "l'acharnement qui s'était abattu" sur le maire, victime de menaces de mort, avait martelé le vice-procureur, Cédric Le Grand. Le magistrat avait requis six mois de prison avec sursis et 3.000 euros d'amende.
A la barre, Papacito s'était défendu en revendiquant une "outrance" et un esprit de "gaudriole", et avait souligné qu'on s'en prenait à lui sur la forme plutôt que sur le fond - puisqu'il n'était pas poursuivi pour diffamation pour avoir accusé le maire de corruption. La décision rendue vendredi paraît "mesurée", a commenté vendredi son avocat, Me Martial Groslambert, qui va consulter son client pour décider d'un éventuel appel.