Mort du petit Émile : ce qu'il faut retenir de la conférence de presse du procureur
Lors de sa conférence de presse, le procureur d'Aix-en-Provence a affirmé que le corps du petit Émile a été transporté avant sa découverte. De même, les analyses ont permis de "caractériser la présence sur le crâne de stigmates anatomiques, évocateurs d'un traumatisme facial violent".
Sa prise de parole était très attendue. Après la levée des gardes à vue, au bout de la nuit jeudi, des quatre membres de la famille du petit Emile, le procureur d'Aix-en-Provence, Jean-Luc Blachon, a tenu une conférence de presse. Il est notamment revenu sur le déroulé des faits, mais également sur les dernières avancées de l'enquête. Des analyses qui permettent d'affirmer que le corps du petit garçon a été transporté, laissant entrevoir une "probabilité de l'intervention d'un tiers" dans la mort d'Émile Soleil, disparu en juillet 2023. Suivez l'évolution de la situation en direct.
Les informations à retenir :
- Les gardes à vue des quatre membres de la famille du petit Émile ont été levées
- Le corps d'Émile a été transporté, affirme le procureur
- Le procureur évoque "un traumatisme facial violent" sur le crâne du jeune garçon
- Une "probabilité de l’intervention d’un tiers dans la disparition" de l'enfant
- La piste familiale n'est "pas encore refermée"
Le corps d'Émile a été transporté avant sa découverte
Après un bref rappel de la chronologie des faits, et de la méthodologie des forces de l'ordre sur cette enquête titanesque, le procureur de la République indique que les ossements de l'enfant ont été transportés. Les expertises réalisées sur plusieurs mois permettent d'affirmer que "les vêtements et les ossements retrouvés ont été transportés et déposés peu de temps avant leur découverte."
"Le corps de l'enfant ne s'est pas décomposé dans les vêtements retrouvés dans la forêt", affirme encore le procureur. Avant de continuer : "Le corps n'est pas demeuré au même endroit et dans le même biotope au cours du processus de décomposition et qu'il n'y a pas été enfoui. Et enfin de caractériser la présence sur le crâne de stigmates anatomiques, évocateurs d'un traumatisme facial violent."
Ces derniers éléments, "introduisent la probabilité de l’intervention d’un tiers dans la disparition" de l'enfant de deux ans et demi en juillet 2023.
La piste familiale n'est pas encore refermée
L'hypothèse intrafamiliale était "une parmi d'autres", précise le procureur. Pour autant, si les gardes à vue sont levées, la piste familiale n'est "pas encore refermée", affirme-t-il.
Les grands-parents soulagés après presque 48 heures de garde à vue
Dans la nuit, les avocats des grands-parents ont chacun fait part de leur soulagement après presque 48 heures d'une garde à vue pour les chefs très graves d'"homicide volontaire" et "recel de cadavre". "Au bout de 17 heures d'audition aujourd'hui, la garde à vue est levée", a indiqué vers 5 heures du matin, Me Isabelle Colombani, avocate du grand-père, Philippe Vedovini devant la presse.
"Il y avait peut-être des zones d'ombre à lever, mais voilà...", a-t-elle ajouté en souriant. Les enquêteurs "avaient depuis hier beaucoup de questions à nous poser. On a répondu à l'intégralité des questions".
Selon Me Julien Pinelli, la grand-mère Anne Vedovini "a tenu à participer à ce qui pourrait naturellement s'apparenter à une épreuve, mais elle a tenu à le faire dans la mesure où elle estimait que c'était sa contribution aussi à cette enquête dont elle attend aujourd'hui les réponses". Plus tard sur BFMTV, il a dit "espérer" que "la piste intra-familiale soit écartée".
Le temps de la "vérité" ?
Depuis mardi matin, cette piste possible semblait se dessiner. Peu après 6 heures, Philippe et Anne Vedovini, parents de Marie, la mère d'Émile, ainsi que deux enfants majeurs du couple avaient été interpellés dans leur mas cossu de La Bouilladisse, entre Aix-en-Provence et Aubagne. Le procureur avait alors indiqué qu'il s'agissait d'"une phase de vérifications et de confrontations des éléments et informations recueillis lors des investigations réalisées ces derniers mois".
Leur domicile avait également été perquisitionné : un véhicule SUV et une remorque à cheval y avaient été saisis. Selon une source proche du dossier, "une dizaine d'auditions de témoins" ont également eu lieu. Sans doute notamment d'autres enfants du couple Vedovini, une famille croyante et discrète de 10 enfants au total, dominée par la figure du grand-père, 59 ans, le patriarche rigoriste du clan.
Fin mars, le crâne et les dents de l'enfant ont été retrouvés
Émile, âgé de deux ans et demi, a disparu le 8 juillet 2023, alors qu'il venait d'arriver chez ses grands-parents, dans leur résidence secondaire du hameau du Haut-Vernet, perché à 1.200 mètres d'altitude dans les Alpes-de-Haute-Provence. Les parents du garçonnet n'étaient pas sur place au moment de la disparition, contrairement à plusieurs autres membres de la famille. Malgré plusieurs jours de battues citoyennes et de ratissages judiciaires, aucune trace de l'enfant n'avait été retrouvée dans cette zone escarpée et isolée.
Pendant neuf mois, l'enquête n'avait rien donné de concret, jusqu'à la découverte fortuite, fin mars 2024 par une promeneuse, du crâne et de dents de l'enfant, à environ 1,7 km du hameau, à 25 minutes de marche pour un adulte. Des vêtements et un petit bout d'os avaient également été retrouvés dans la même zone.
Début février, les obsèques du garçonnet s'étaient tenues en la basilique de Saint-Maximin-la-Sainte-Baume (Var), parents et grands-parents d'Émile affichant une certaine distance. Le soir même, les grands-parents publiaient un communiqué estimant que "le temps du silence doit laisser place à celui de la vérité" et assurant "ignorer toujours ce qui est arrivé à Émile".
Le 13 mars, la présence d'enquêteurs dans le hameau du Haut-Vernet avait relancé les spéculations. Les gendarmes avaient saisi devant l'église paroissiale une grande jardinière, dans laquelle des traces de sang ont été retrouvées, selon une source proche du dossier à l'AFP.