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Jean-Baptiste Marty / Crédits photo : NICOLAS TUCAT / AFP
Expansion territoriale du trafic, corruption d'agents publics, manque de moyens des acteurs de terrain : la commission d'enquête du Sénat sur l'état du narcotrafic en France rend ses conclusions mardi matin, dressant le portrait d'un pays submergé par ce marché criminel.

Après un an et demi de travaux et plus de 70 auditions, les conclusions de la commission d’enquête du Sénat sur l’impact du narcotrafic en France doivent être présentées ce mardi matin. Des auditions qui avaient notamment provoqué la colère du ministre de la Justice, ce dernier dénonçant l’état d’esprit défaitiste de certains magistrats marseillais qui avaient osé dénoncer "un abandon de l'État" en matière de lutte contre les narcotrafiquants.

Pourtant, le trafic de drogues ne cesse de grossir en France. En 2022, par exemple, 27,7 tonnes de cocaïne ont été saisies, soit cinq fois plus qu'il y a dix ans. Les sénateurs devraient ainsi présenter un bilan très alarmant et dévoiler leurs pistes de réflexion. 

"On est sur un point de bascule"

"Le trafic de drogues est, à l’heure actuelle, hors de contrôle". Les mots sont durs mais ce sont ceux d’Étienne Blanc, rapporteur de la commission. Le sénateur Républicain dénonce les lacunes de la part du gouvernement : "L'État n’a pas pris la dimension de ce problème. Quand on voit l’actualité, notamment ces règlements de compte violents, quand on voit l’importance des saisies, c’est un sujet qu’on ne peut pas traiter à la légère. On est sur un point de bascule, il faut réagir et mettre en place des dispositifs beaucoup plus puissants que ceux dont nous disposons."

Le gouvernement a tenté d’anticiper ces conclusions, notamment en lançant les opérations "place nette" partout en France, avec ce bilan provisoire, 7.000 personnes interpellées, plus de trois millions de tonnes de cannabis et près de 1.000 armes saisies. Un bilan qui n'est pas suffisant pour la commission qui doit donc, ce mardi matin, proposer de nouvelles pistes pour endiguer ces trafics.

Des trafics qui font vivre aujourd’hui environ 240.000 personnes en France et qui représentent jusqu'à six milliards d'euros en France, soit deux tiers du budget total du ministère de la Justice.