Après Paris, Marseille, Lyon ou encore Lille, c'est au tour de Strasbourg, Nantes et Toulouse. Ce mardi, le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a annoncé le lancement d'une opération anti-drogue "place nette XXL" dans trois nouvelles villes sur les réseaux sociaux. Un dispositif qui se veut similaire à celui lancé à Marseille le 19 mars dernier et qui s'est ensuite étendu à plusieurs villes françaises. Mais pour le maire de Toulouse, Jean-Luc Moudenc, cette opération place nette XXL manque d'envergure.
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Depuis ce mardi matin, l’opération place nette XXL contre le trafic de drogue est en cours dans plusieurs quartiers de la ville rose, êtes-vous satisfait ?
Jean-Luc Moudenc : Tout ce qui permet de lutter contre le trafic de drogue à Toulouse et ailleurs est une bonne chose, malheureusement ce n’est pas par des opérations ponctuelles sous l’œil des caméras que nous allons éradiquer ce cancer qui se diffuse comme des métastases dans nos villes.
Que faudrait-il faire ?
Avec mes collègues maires des grandes villes de France, je demande au gouvernement et donc à Gérald Darmanin, la mise en place d’un grand plan national de lutte contre le trafic de drogue, ce qui n’est pas le cas pour le moment. Il faut une action de fond, permanente sur ce sujet.
" Le trafic de drogue, le problème numéro un dans la quatrième ville de France "
Comment ce plan que vous appelez de vos vœux pourrait se traduire concrètement ?
D’abord, il faut que la police nationale et les polices municipales travaillent non pas côte à côte, mais main dans la main. Les polices municipales n’ont pas de pouvoirs pour agir sur les trafics de drogue directement, en revanche, elles ont la connaissance du terrain, des points de deal, des habitants. Je pense que si l’on croise les informations des deux polices, nous pourrons établir un diagnostic beaucoup plus fin, afin de déterminer des actions continues contre les trafiquants.
Il faut également que la police nationale dans nos grandes villes soit dotée d’effectifs beaucoup plus conséquents qu’aujourd’hui. La raison de cette demande des maires est très simple. Il faut des enquêteurs pour réaliser des investigations longues afin de démanteler des réseaux souvent très bien organisés, avec des ramifications à l’étranger. Ce travail demande des femmes, des hommes et du temps.
Le trafic de drogue, c’est votre première préoccupation à Toulouse ?
Tout à fait, c’est le problème numéro un dans la quatrième ville de France. Le trafic de drogue entraine des problèmes importants d’insécurité, de banditisme, etc. Et le phénomène ne cesse d’empirer. Il y a encore quelques années, les points de deal étaient clairement identifiés, nous savions où ils étaient, combien il y en avait... Ce n’est plus le cas. Aujourd’hui, tous les quartiers sont touchés. Face à ce changement, nous avons besoin d’une action forte de l’État. C’est un combat qu’il nous faut livrer.
Après la décision allemande de légaliser le cannabis sous certaines conditions, la maire de Strasbourg souhaite expérimenter une mesure équivalente. A-t-elle raison alors que dans le même temps, Gérald Darmanin, mène cette lutte contre le trafic de drogue ?
Je suis totalement opposé à cette idée. Les conséquences seraient délétères et immaitrisables. C’est non !