Une migrante a été retrouvée morte mardi sur une plage de Sangatte (Pas-de-Calais) dans des circonstances qui restent à déterminer, après de nombreuses tentatives de traversées de la Manche dans la nuit par des exilés qui tentent de rejoindre l'Angleterre. Le corps de cette femme avait été retrouvé inanimée à 5h00 du matin à Blériot-Plage, selon une source policière. Il s'agirait, d'après les premiers éléments de l'enquête, d'une Érythréenne née en 1999.
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Déterminer l'origine du décès
La police judiciaire est sur place pour déterminer l'origine du décès, qui pourrait par exemple être dû à une noyade ou à la suite d'un malaise, a ajouté cette source. Contactée par l'AFP, la préfecture maritime (Premar) de la Manche et la mer du Nord dit ne pas avoir été mobilisée pour un décès en mer dans la nuit de lundi à mardi, mais de nombreuses tentatives de traversées de la Manche par des migrants, qui tentent de rejoindre l'Angleterre à partir du littoral français, ont eu lieu en raison des conditions météo favorables.
"Il y avait une grosse fenêtre météo pour les traversées cette nuit, ce qui a généré beaucoup de tensions et des bagarres" sur le littoral, a expliqué à l’AFP Nikolaï Posner, un responsable de l’association Utopia 56. Cette dernière a reçu "beaucoup d’appels" d'urgence sur sa ligne téléphonique dans la nuit, a-t-il souligné. Sur une vidéo transmise par l'association, une femme brune en jeans et baskets est étendue inanimée au bord de l’eau, dans la nuit, entourée de plusieurs personnes dont l’une au moins porte un gilet de sauvetage. La vidéo a été reçue initialement vers 5h30 mardi par Utopia 56, qui gère un numéro d’urgence dédié aux migrants sur le littoral nord.
"Violence, souffrance et morts"
"Nos équipes n’en peuvent plus d’être témoins de tant de violence. Les morts s'enchainent et rien n’est fait pour réellement y mettre fin", a souligné Nikolaï Posner. "Ce que nous voyons quotidiennement, ce sont de la violence, de la souffrance et des morts", a-t-il ajouté. Les derniers décès de migrants aux abords de la Manche remontent au 12 août, quand six Afghans de 21 à 34 ans ont perdu la vie dans le naufrage de leur embarcation, en raison, selon les premiers éléments de l'enquête, d'"une avarie moteur".
Quatre personnes ont été mises en examen et incarcérées en France quelques jours après le naufrage pour homicides et blessures involontaires par violation manifestement délibérée d'une obligation de sécurité ou de prudence, aide au séjour irrégulier en bande organisée et association de malfaiteurs. Ce naufrage est le plus meurtrier dans le détroit du Pas-de-Calais depuis celui survenu en novembre 2021, quand au moins 27 migrants avaient péri.
Selon les autorités britanniques, plus de 21.000 personnes étaient arrivées au Royaume-Uni début septembre en traversant la Manche sur ces embarcations depuis le début de l'année, un nombre qui suggère une légère baisse de rythme par rapport au plus de 45.000 arrivées détectées l'an dernier. Plus de 100.000 personnes ont traversé la Manche à partir de la France, depuis que le Royaume-Uni a commencé à comptabiliser ces arrivées en 2018. La plupart demandent l'asile, ce qui a entrainé un engorgement du système d'accueil et de traitement de ces demandes, avec plus de 175.000 personnes qui attendaient fin juin une décision.