Le procès d’Éric Dupond-Moretti se poursuit au sein de la Cour de justice de la République ce jeudi. Le garde des Sceaux est jugé pour des soupçons de "prise illégale d’intérêts". Pour l’accusation, il aurait notamment usé de sa fonction de ministre de la Justice pour régler ses comptes avec des magistrats avec qui il aurait eu des différends dans sa précédente vie d’avocat.
"Le ministre a vengé l'avocat"
Depuis lundi, les témoins se succèdent. Dans ce procès inédit, des magistrats défilent à barre. Ceux-là ne portent pas de robe noire, ils sont présents en tant que témoin. À chaque fois ou presque, ils prennent le rôle de plaignants et dénoncent un seul et même homme : celui qui est assis à la droite du prétoire, Éric Dupond-Moretti.
"Dans cette affaire, c’est très simple", résume Ulrika Delaunay-Weiss, juge du Parquet national financier (PNF), "le ministre a vengé l’avocat". Le garde des Sceaux, les bras croisés, lève les yeux aux ciels, mais il n’est pas au bout de ses peines.
Sa précédente fonction, son premier tort ?
Éliane Houlette, l'ex-cheffe du PNF, enfonce le clou, suivie de Catherine Champrenault. Cette ancienne procureure générale de Paris pèse ses mots. "L’ouverture de l’enquête administrative à l’encontre des trois magistrats du PNF, c’était un coup de tonnerre. Il y aurait dû y avoir un décret de déport du ministre", insiste-t-elle avant de lâcher cet aveu : dès l’annonce de la nomination d’Éric Dupond-Moretti à la Chancellerie en juillet 2020, cette ancienne conseillère de Ségolène Royal a eu "des craintes".
"Pourquoi ?" s’empresse de réagir l’avocate du garde des Sceaux. "Parce que c’était un ancien avocat", répond la magistrate. Comme si cette précédente fonction était d’abord son premier tort.