Procès Le Scouarnec : 37 victimes craignent d'être «invisibilisées»

37 victimes de l'ex-chirurgien Joël Le Scouarnec, jugé pour viols et agressions sexuelles sur près de 300 patients, mineurs pour la plupart, disent vendredi leurs craintes d'être "invisibilisées" lors du procès qui débutera fin février. Ils s'expriment à quelques jours du début du procès à Vannes le 24 février.
Un collectif de 37 victimes de l'ex-chirurgien, Joël Le Scouarnec, jugé pour viols et agressions sexuelles sur près de 300 patients, mineurs pour la plupart, disent vendredi leurs craintes d'être "invisibilisées" lors du procès qui débutera fin février. "Nous ne sommes pas des acteurs de seconde zone", plaident-ils dans une tribune publiée vendredi par le quotidien Libération. Ils s'expriment à quelques jours du début du procès à Vannes le 24 février, "une date que nous avons apprise par les médias".
Ils rappellent que l'ancien médecin, aujourd'hui âgé de 73 ans, a pu continuer à exercer en toute impunité pendant de nombreuses années alors qu'il avait été condamné dès 2005 à quatre mois de prison avec sursis pour avoir téléchargé des milliers de fichiers pédopornographiques. Cette peine n'était assortie d'aucune interdiction d'exercer. "La justice est en dette avec chacun d'entre nous, individuellement et collectivement, et le moins qui nous soit dû est d'être traités avec égards", écrit le collectif, défendu par Me Marie Grimaud.
Les victimes s'inquiètent notamment "de la place qui leur sera dévolue lors du procès", dont l'organisation "n'est indiscutablement pas simple". Elles regrettent que les parties civiles soient reléguées dans une salle séparée, à plusieurs centaines de mètres du tribunal, "loin de leurs avocats" et "surtout loin du regard des juges. Du jamais vu".
"Emballement médiatique"
"De la logistique à l'organisation des débats, tout concourt à nous invisibiliser et à nous tenir à distance, comme si nous n'étions que des acteurs de seconde zone à ce procès", s'inquiètent-ils. Les signataires dénoncent par ailleurs les dérives d'un "emballement médiatique" qui ont constitué "une nouvelle atteinte à (leur) intégrité".
"Beaucoup d'entre nous ont eu à subir les assauts de médias peu scrupuleux, et ont vu leur intimité forcée par des journalistes à leurs portes, et des proches harcelés", écrivent-ils. Joël Le Scouarnec sera jugé pour 111 viols et 189 agressions sexuelles commis entre 1989 et 2014 dans une dizaine d'établissements de l'ouest de la France. La plupart des victimes étaient mineures et ont souvent été agressées alors qu'elles étaient endormies ou en phase de réveil.
"Nous espérons encore que ce procès ne se réduira pas à celui d'un fait divers et qu'il sera l'occasion à travers nos histoires personnelles de questionner, au-dehors, tout ce qui doit l'être encore sur la pédocriminalité dans notre société, son traitement par la justice, et la place qui est concédée aux enfants victimes", concluent-ils.