Scandale des pizzas Buitoni : Nestlé France et une de ses filiales mis en examen

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avec AFP // FRANCOIS LO PRESTI / AFP , modifié à
Deux ans après le scandale des pizzas surgelées de Buitoni contaminées à la bactérie E.coli et suspectées d'avoir provoqué la mort de deux jeunes enfants, Nestlé France a annonce sa mise en examen avec l'une de ses filiales, sans préciser les chefs d'accusation.

Nestlé France a annoncé vendredi sa mise en examen dans l'enquête sur les pizzas Buitoni contaminées à la bactérie E.coli suspectées d'avoir provoqué la mort de deux enfants, un scandale qui a durablement plombé le marché des pizzas surgelées. En 2022, deux enfants sont morts et des dizaines d'autres tombés malades. Leurs parents ont témoigné du remord de leur avoir servi les pizzas incriminées et de la crainte de séquelles, en particulier aux reins.

Une filiale exploitant l'usine de Caudry (Nord), où les pizzas avaient été fabriquées, et Nestlé France ont été mis en examen "respectivement les 2 et 4 juillet derniers", selon un communiqué de l'entreprise. D'après une porte-parole de Nestlé France interrogée par l'AFP, les chefs de mise en examen sont "homicide involontaire, blessures involontaires et tromperie". Le parquet de Paris n'était pas joignable dans la matinée.

"Je veux que Buitoni soit reconnu coupable"

Depuis Saint-Jean-de-Luz (Pyrénées-Atlantiques), Jennifer, mère de la petite Éléa, aujourd'hui âgée de cinq ans, s'est dite "très soulagée" de cette mise en examen. Elle attend "avec impatience" un procès : "Je veux que Buitoni soit reconnu coupable, je me suis battue pour que ma fille ait un avenir et au cas où elle ait des problèmes rénaux." Sa fille figurait "parmi les 15 enfants les plus touchés" et avait été hospitalisée près de trois semaines, a-t-elle expliqué à l'AFP vendredi.

 

"Il s'agit d'une étape cruciale dans la compréhension de l'origine de ce drame. (...) Nous ne pouvons qu'espérer que la mise en examen de Nestlé incitera vivement les grands groupes agroalimentaires à renforcer considérablement les contrôles internes afin de garantir la sécurité alimentaire des consommateurs", a réagi auprès de l'AFP l'avocat Pierre Debuisson, qui représente une soixantaine de victimes.

"La justice pénale avance enfin dans cette affaire aux conséquences dramatiques, nous espérons que cela contribuera à dégager toutes les responsabilités, quelles qu'elles soient", a réagi de son côté François Lafforgue, avocat de l'association de défense des consommateurs Foodwatch France. En parallèle de la procédure judiciaire, "un accord d'indemnisation a été passé avec une soixantaine de familles et des discussions sont toujours en cours avec d'autres", a déclaré à l'AFP une porte-parole de Nestlé France. "Cette démarche amiable a pour objectif d'apporter un soutien immédiat aux familles".

L'usine incriminée revendue en février dernier

Santé publique France (SPF) et la Direction de la répression des fraudes (DGCCRF) avaient été alertées en février 2022 par une recrudescence de cas d'insuffisance rénale chez des enfants, liés à une contamination par la bactérie E. coli. La plupart des enfants présentaient un syndrome hémolytique et urémique (SHU), qui se traduit généralement par une insuffisance rénale aiguë et de graves problèmes sanguins, et peut entraîner un coma ou la mort.

Un lien a été rapidement établi par les autorités sanitaires avec la consommation de pizzas par les enfants. Nestlé avait rappelé ses produits Fraîch'Up et fermé les deux lignes de production de son usine nordiste. La filiale française du leader mondial de l'agroalimentaire Nestlé avait avancé "une contamination de la farine" comme explication "la plus probable" de la présence de la bactérie sur ses pizzas. Selon la préfecture, des inspections sanitaires ont mis en évidence "la présence de rongeurs" et le "manque d'entretien et de nettoyage des zones de fabrication".

Le scandale a durablement terni l'image de l'industriel et des pizzas surgelées. Un an après l'affaire, Nestlé a annoncé la fermeture définitive de l'usine de Caudry, qui avait partiellement redémarré quelques mois plus tôt, évoquant la chute des ventes. L'entreprise a revendu le site en février 2024 à la société italienne Italpizza, qui a expliqué vouloir redémarrer la production à l'automne 2024.