Une société condamnée pour «homicide involontaire» après le suicide d'un salarié

La société de services et conseil en informatique Objectware a été condamnée ce jeudi par le tribunal de Strasbourg à 70.000 euros d'amende pour "homicide involontaire". Le salarié avait mis fin à ses jours en 2021 sur son lieu de travail, après avoir travaillé pour cette société lors de la pandémie de covid-19.
Le tribunal de Strasbourg a condamné jeudi à 70.000 euros d'amende la société de services et conseil en informatique Objectware, reconnue coupable "d'homicide involontaire" après le suicide d'un salarié.
Le salarié avait été mis à disposition d'une autre entreprise pour réaliser des prestations informatiques pendant la période de pandémie de covid-19. Agé de 62 ans, il avait mis fin à ses jours le 23 mars 2021 sur son lieu de travail à Strasbourg.
"L'entreprise "avait manqué à plusieurs de ses obligations", selon le tribunal
"En raison de la pandémie, celui-ci s'était retrouvé isolé dans son bureau, sans information ni formation suffisantes pour réaliser sa mission. Il subissait les critiques de son responsable. Il avait mis fin à ses jours se jetant du dixième étage de l'immeuble", indique le parquet du tribunal de Strasbourg dans un communiqué.
Le tribunal a considéré que l'entreprise "avait manqué à plusieurs de ses obligations, notamment en ne contrôlant pas les horaires de travail de son salarié détaché, qui dépassaient régulièrement le maximum légal, en ne prévenant pas les risques psychosociaux et en ne s'intéressant pas suffisamment aux conditions de travail de son salarié au cours des quatre mois de sa mission", précise le parquet. Le tribunal a également ordonné la publication de la décision de justice dans le quotidien Le Figaro. Sollicités, les dirigeants d'Objectware n'était pas disponibles pour réagir dans l'immédiat.
Sur son site internet, la société, dirigée par David Pinto, dit compter "900 collaborateurs" et réaliser un chiffre d'affaires de 90 millions d'euros. Elle met en avant le label "Great place to work" (entreprise "où il fait bon travailler") et un slogan: "les collaborateurs d'abord et les clients ensuite".
Ce label est décerné par l'entreprise Best Workplaces France à l'issue d'un audit sur la qualité de vie au travail qui est facturé aux sociétés qui sollicitent la labellisation. Le "Palmarès" des entreprises labellisées est publié chaque année dans le quotidien Le Figaro.