Tunisie : verdict imminent dans le procès d'opposants pour «complot»

Alors que le président Kais Saïed s'est arrogé tous les pouvoirs depuis plusieurs années, les opposants au régime continuent d'être réduits au silence et emprisonnés. Le verdict d'un procès d'opposants poursuivis pour "complot" sera rendu ce 18 avril, faisant craindre des abus par les associations de défense des droits humains.
Le verdict est imminent en Tunisie pour une quarantaine de personnalités, notamment des opposants, accusés de "complot contre la sûreté de l'Etat", ont annoncé vendredi plusieurs avocats de la défense à l'AFP, dénonçant "une mascarade" de procès.
Les journalistes interdits de salle d'audience
Une troisième audience houleuse et sous forte présence policière s'est tenue toute la journée, en l'absence de journalistes internationaux, tous interdits d'entrer dans la salle d'audience, ainsi que des diplomates étrangers pourtant admis les fois précédentes.
Les avocats se sont opposés à la lecture de l'acte d'accusation mais le juge a continué en disant que "le verdict serait annoncé après délibération", dès vendredi, a précisé Me Ayachi Hammami.
"Le pouvoir veut un verdict aujourd'hui" alors qu'il y a "violation flagrante des procédures judiciaires" puisque les accusés "n'ont pas été entendus", a déclaré à l'AFP l'avocate Samia Abbou, fustigeant "une mascarade". "Nous sommes arrivés à la folie judiciaire", a renchéri un autre avocat, Samir Dilou.
Une quarantaine de personnes (dirigeants de partis, avocats ou figures médiatiques) sont poursuivies pour "complot contre la sûreté de l'Etat" et "adhésion à un groupe terroriste", ce qui les exposent à de lourdes peines, jusqu'à la peine capitale.
Certains sont soupçonnés de contacts suspects avec l'étranger, notamment des diplomates, ce qu'ils démentent. Plusieurs sont en détention depuis leur arrestation en 2023, une partie est en liberté et le reste en fuite à l'étranger. La défense dénonce un dossier "vide" tandis que l'ONG Human Rights Watch a affirmé que le procès se tenait dans "un contexte répressif".
Depuis l'ouverture du procès le 4 mars, les avocats de la défense ont exigé, lors d'interventions houleuses, la comparution de tous les accusés, dont certains ont observé une grève de la faim pour faire valoir ce "droit élémentaire".
Depuis un coup de force du président tunisien, Kais Saied, à l'été 2021, par lequel il s'est octroyé les pleins pouvoirs, défenseurs des droits et opposants dénoncent une régression des libertés en Tunisie, pays qui avait lancé le Printemps arabe en 2011.