On connaît son sens de l'humour, comme son sens de la répartie. Pourtant, Jamel Debbouze l'a écrit sur Facebook au lendemain des attentats qui ont frappé la France : "Je ne trouve pas les mots pour décrire ma peine et ma douleur". L'acteur, qui est resté "sonné" pendant plusieurs jours, s'est aussi exprimé avec d'autres personnalités dans une tribune du Monde, intitulée "Et maintenant, qu’est-ce qu’on fait ?", mais il n'avait pas, jusque-là, accordé d'interview. Dimanche, il a finalement pris la parole dans Sept à Huit, une émission diffusée sur TF1. Profondément ému, l'un des humoristes préférés des Français a fait part de sa sidération devant "l'horreur" et de ses espoirs, après les tueries.
"Et ça, pour moi, c'est la France." "J'ai passé mon temps à ne pas dire que j'étais musulman. Pas parce que je n'étais pas fier, loin de là. Mais parce que je considérais que ce n'était pas un sujet, qu'on n'avait pas besoin d'affirmer son identité ou sa différence", a expliqué Jamel Debbouze. "Aujourd'hui, j'ai presque besoin de le revendiquer, de dire, 'ne vous inquiétez pas. On est pareils malgré nos différences'", a-t-il confié sur TF1, avant de marteler : "Je suis Français, musulman, artiste, je suis né à Barbès, j'ai grandi à Trappes, je suis père de deux enfants, marié à une chrétienne journaliste très, très belle (Mélissa Theuriau, ndlr). Et ça, pour moi, c'est la France".
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Il ne faut pas mélanger les choses. Jamel Debbouze l'avoue, il s'est déjà senti "déstabilisé" par les caricatures de Charlie Hebdo. "Je suis mal à l'aise avec le blasphème", a-t-il reconnu, rappelant pourtant qu' "on ne peut pas insulter, agresser ou tuer parce qu'on n'est pas d'accord avec l'autre, ce n'est pas pensable ! Ça n'existe pas, ce n'est pas possible !" (…). "Je me battrai pour que vous puissiez dire tout ce que vous voulez dire", a assuré l'humoriste, qui affirme pourtant comprendre les gens qui ont été déstabilisés et choqués par les caricatures "parce qu'ils n'ont pas cette culture du blasphème." Ce qui l'a attristé ? "Que les gens aient confondu" les choses. "On peut descendre dans la rue pour défendre les valeurs de la République sans être d'accord avec les caricatures. Ça n'a strictement rien à voir. C'est cette incompréhension-là qui me pousse à vous parler aujourd'hui", a-t-il confié.
"Irrespectueux." Evoquant sa chance, d'avoir été "aimé", "considéré", "accompagné", Jamel Debbouze a aussi évoqué "tous les gamins des quartiers" qui aujourd'hui "n'ont pas cette chance". Et c'est "cette frustration qui a fait qu'ils ne sont pas descendus dans la rue", selon l'humoriste. Interrogé par le journaliste, qui lui demande ce qu'il pense des réactions de certains enfants dans les écoles, qui n'ont pas voulu respecter la minute de silence pour les victimes de Charlie Hebdo, Jamel Debbouze a réagi très fermement. "C'est complètement débile, c'est irrespectueux. Ça ne se fait pas de ne pas respecter les morts. On ne se comporte pas comme ça. C'est sans précédent ce qui est arrivé, c'est arrivé au cœur de la capitale et ça concerne tout le monde !"
"Plus jamais ça." "On ne tue pas au nom de Dieu ! Ça n'existe pas ! Le terrorisme n'a pas de religion", a déclaré Jamel Debbouze, avant d'appeler à l'action. "Aujourd'hui, on ne doit pas oublier. Après la réaction, l'action, concrète. Plus jamais ça. Tous ensemble, on a une responsabilité." L'humoriste a appelé chacun à se projeter vers l'avenir. "Pour plus que ces gamins se mettent à crier pendant la minute de silence, ça passe par plein de choses", par le rôle "d'adultes concernés, avertis, qui les raccrochent aux valeurs de la République, qui les font re-aimer la France, pour les mêmes raisons que moi", a-t-il ajouté avant de conclure : "La France, c'est ma mère, on ne touche pas à ma mère."